Elie Cohen (économiste) : "La crise du COVID a fait toucher du doigt au niveau national, mais également au niveau européen, nos fragilités, nos insuffisances et notre extrême dépendance"
L’économiste Elie Cohen était l'invité de Jean-Paul Chapel dans ":l'éco" ce jeudi 10 février.
Invité de Jean-Paul Chapel dans ": l’éco" ce jeudi 10 février pour présenter son nouveau livre "Souveraineté industrielle : Vers un nouveau modèle productif", Elie Cohen a réagi aux prochaines annonces d’Emmanuel Macron à Belfort sur le nucléaire. D’après lui : "C’est la décision de renouer avec ce qui a été un des fondements de la politique industrielle française depuis 1945, c’est-à-dire l’autonomie stratégique en matière énergétique". Le retour d’un avantage qui selon lui a été attaqué : "On a systématiquement détruit cet avantage que nous avions puisque nous avions la maîtrise complète de la filière". Il note que cette dernière aurait aussi souffert d’un délaissement : "Après avoir fait cet immense programme de construction de centrales nucléaires, on s’est arrêté d’en construire pendant à peu près 30 ans".
Bien que la construction de 6 nouveaux EPR (ces centrales nucléaires de nouvelle génération) soit prévue dans les annonces du Chef de l’Etat, Elie Cohen précise que cela ne fera que compenser les centrales qui arriveront à expiration. Pas plus que cela ne permettrait de résoudre la crise énergétique actuelle : la livraison du premier EPR en 2035 démontre selon lui le retard accusé par la France sur cette question : "La procrastination a été telle que d’ores et déjà, il est trop tard pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, et en 2030 et en 2050".
Avec le rachat des turbines d’Alstom par EDF, Elie Cohen souligne le retour d’une partie de la souveraineté industrielle française : "la filière nucléaire en matière industrielle est reconstituée sous l’aile d’EDF". Une souveraineté industrielle qui reste aujourd’hui douloureuse dans un contexte de pénurie de composants électroniques et de semi-conducteurs : "La crise du COVID a fait toucher du doigt au niveau national, mais également au niveau européen, nos fragilités, nos insuffisances et notre extrême dépendance". En ce sens, Elie Cohen salue le travail de Thierry Breton et de la Commission européenne qui souhaite investir 43 milliards d’euros pour doubler la production de composants électroniques d’ici 2030 : "Thierry Breton a mené un travail absolument remarquable d’abord pour analyser toutes nos faiblesses en scannant toutes les filières industrielles et en essayant de voir les trous de spécialisation". Un plan d'investissement qui réparerait en partie les manquements créés par la mondialisation et "qui ont fait que nous sommes devenus très dépendants, même en matière automobile, de nos importations".
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