#MonEnvoyéSpécial. La route du rhume
Les Français s’enrhument en moyenne trois fois par an. Les jeunes enfants jusqu’à six fois. Une aubaine pour les laboratoires pharmaceutiques, qui sortent chaque année de nouveaux médicaments "miracles" pour atténuer les symptômes du rhume. Une incitation à l’automédication qui n’est parfois pas sans conséquences pour le consommateur. Nos journalistes ont enquêté sur le business du rhume et ses risques cachés.
Pour des raisons liées aux droits de rediffusion, cette émission plus disponible.
Sprays nasaux, comprimés avec formule jour-nuit, granulés, sirops avec ou sans sucre... Quand l'hiver pointe, les médicaments qui prétendent éradiquer le rhume s'empilent sur les étagères des pharmacies. Chaque année, plus de 50 millions de boîtes de médicaments anti-rhume sont vendues en France, et ce sans ordonnance. Mais aujourd'hui, de nombreux professionnels de santé s’élèvent contre ces remèdes "miracles". La cause ? Leur manque d'efficacité mais aussi, et surtout, leurs effets secondaires parfois dangereux pour la santé.
Risques d'infarctus et d'AVC
Un médicament anti-rhume sur deux contient de la pseudoéphédrine, une molécule utilisée comme décongestionnant qui, à forte dose, peut avoir des effets néfastes. Elle resserre les vaisseaux et dégage ainsi un peu le nez des malades. Mais comme elle agit sur tous les vaisseaux sanguins, et pas seulement sur les voies nasales, elle augmente le risque d’AVC et d’infarctus du myocarde. C’est pourquoi les centres de pharmacovigilance et nombre de médecins dénoncent la vente de ces remèdes sans prescription.
Entre 2007 et 2012, plus d’une centaine de problèmes neurologiques et cardiaques dus à des médicaments anti-rhume ont été enregistrés en France. De tels cas sont rares, mais n’importe qui peut être touché. Stéphane, âgé de 33 ans, a fait un infarctus du myocarde l’an dernier en tentant de soigner un simple rhume. La combinaison de deux médicaments contenant de la pseudoéphédrine aurait pu lui être fatale s’il n’avait pas été hospitalisé à temps. Il doit désormais prendre un traitement à vie pour protéger son cœur et ses artères.
Des nouvelles recommandations
Ce type d'accident dramatique a incité les centres de pharmacovigilance, mais aussi l’Académie de médecine et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à formuler des mises en garde et des recommandations quant à la vente de ces produits sans surveillance médicale. Une étude de l’ANSM, à paraître courant 2016, pourrait entraîner la mise sur ordonnance obligatoire de certains de ces médicaments, voire leur interdiction.
Les tenants de l'automédication, comme l'Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (Afipa), qui soutient le développement du libre accès aux remèdes en officine, ne l'entendent pas de cette oreille. Ardents défenseurs de la non-prescription des médicaments anti-rhume, ils suggèrent que les patients doivent, avant toute prise, lire la notice pour s'informer des risques qu'ils encourent.
Un reportage de Stéphanie Rathscheck, Olivier Le Hellard et Yvan Burnier.
Retrouvez, en fin d’émission, les réponses de Françoise Joly à vos commentaires laissés sur notre page Facebook et Twitter @EnvoyeSpecial. Et prenez dès maintenant les commandes de la prochaine émission : votez pour le sujet que vous voulez voir à l’antenne samedi 17 octobre, puis posez-nous des questions sur le reportage que vous avez choisi, en utilisant le hashtag #MonEnvoyeSpecial. Nous vous répondrons directement sur le plateau !
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