Vidéo Syrie : quand la libération de la prison de Saydnaya se transforme en visite du symbole le plus noir de la dictature Assad

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Saydnaya
Saydnaya Saydnaya (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Aujourd'hui, on entre comme dans un moulin dans ce qui fut l'un des lieux les plus secrets du régime de Bachar al-Assad. Quel meilleur symbole de sa chute que l'ouverture des portes de la terrible prison de Saydnaya ? "Envoyé spécial" a suivi les familles qui se sont ruées entre ses murs, portées par l'espoir de retrouver un proche incarcéré pendant la dictature.

Personne ne sait combien d'hommes y ont été détenus. Combien y sont morts – sans compter les autres prisons du régime syrien ? C'était la machine à broyer de Bachar al-Assad, la plus tristement célèbre des geôles de Syrie.

Saydnaya : ce nom faisait frémir tout un pays, jusqu'à ce dimanche 8 décembre 2024, quand l'impensable s'est produit... A la chute du tyran de Damas, les journalistes d'"Envoyé spécial" ont vu déferler des milliers de familles à la recherche de leurs proches incarcérés. Beaucoup ont alors pu pénétrer dans ce qui fut l'un des lieux les plus secrets de la dictature, et son plus noir symbole.

Dans une aile du tristement célèbre bâtiment en forme d'hélice, les journalistes ont rencontré Wissam, un jeune professeur d'anglais qui tente de retrouver son oncle. Les rebelles islamistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), qui tiennent les lieux depuis la fuite des gardes de Saydnaya, les laissent pénétrer dans cette partie encore en pleines fouilles.

Traces d'exécutions

Dans une salle, des traces d'exécutions, bien visibles à la lumière des téléphones portables. Wissam brandit un morceau de l'une des cordes qui ont servi à des pendaisons, "jusqu'à la dernière minute". Par terre, les restes des archives que les gardes ont tenté de brûler avant de s'enfuir. Au sous-sol, des groupes électrogènes, alors que "dans la ville d'à côté, on n'a même pas d'électricité, s'exclame Wissam. Mais eux, ici, en avaient, pour tuer les nôtres !" A l'étage, les cellules, bien trop exiguës pour la dizaine de prisonniers qui s'entassaient dans chacune.

Les rebelles du groupe HTS se sont enfoncés plus profondément dans ces bâtiments sordides, et ont fait d'autres découvertes macabres. Parmi elles, une presse hydraulique, utilisée selon eux pour broyer les cadavres des prisonniers exécutés. Des témoignages d'anciens détenus font aussi état de cuves d'acide pour dissoudre les corps. Ces rumeurs ont entretenu la terreur que Saydnaya inspirait à la population. En 2017, le département d'Etat américain a même accusé le gouvernement syrien, photos satellite à l'appui, d'y construire un crématorium pour brûler les corps.

Le nombre des victimes de Saydnaya est estimé à au moins 30 000 par l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Extrait de "Les ombres de Saydnaya", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 12 décembre 2024.

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