Cet article date de plus d'un an.

Vidéo "Il m'a dit : 'On ne fait pas cette chose, ici, on a une conscience'" : en Italie, de nombreux médecins "objecteurs" refusent de pratiquer des IVG

Publié
Durée de la vidéo : 3 min
"On ne fait pas cette chose. Ici, nous avons une conscience" : en Italie, de nombreux médecins "objecteurs" refusent de pratiquer des IVG
"On ne fait pas cette chose. Ici, nous avons une conscience" : en Italie, de nombreux médecins "objecteurs" refusent de pratiquer des IVG "On ne fait pas cette chose. Ici, nous avons une conscience" : en Italie, de nombreux médecins "objecteurs" refusent de pratiquer des IVG (ENVOYE SPECIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Le droit à l'interruption volontaire de grossesse est-il menacé en Italie, où son accès se voit entravé jusque dans les hôpitaux ? "Envoyé spécial" s'est rendu dans une ville d'Ombrie où les "objecteurs de conscience" représentent 75% des gynécologues.

Le droit à l'interruption volontaire de grossesse pourrait-il un jour être limité, voire aboli en Italie ? L'abrogation de l'arrêt Roe v. Wade, qui le garantissait aux Américaines, a donné des ailes aux mouvements pro-vie transalpins. Avec l'extrême droite au pouvoir, les inquiétudes semblent légitimes. Quarante-cinq ans après la légalisation de l'avortement, l'accès à ce droit se voit aujourd'hui entravé jusque dans les hôpitaux.

>> A lire : En Italie, l'avortement est un droit que les femmes exercent "au bon vouloir des médecins"

Celui de Città di Castello, en Ombrie, compte huit gynécologues, dont seulement deux pratiquent l'IVG. Sans les docteurs Valeria Gavagni et Lorenzo Cecconi, personne ne réaliserait ici cet acte médical.

Lorsque Lorenzo Cecconi était en spécialisation à Pérouse, capitale de cette région d'Italie centrale, explique-t-il, ils n'étaient que deux sur une vingtaine de médecins à ne pas se dire "objecteurs de conscience" . Comme en France, les médecins ont le droit de refuser de pratiquer l'IVG, mais en Italie, ils représentent la majorité. 

Des propos qui "humilient la patiente et la profession"

A Città di Castello, le couple de gynécologues organise son emploi du temps de façon à pouvoir prendre en charge toutes les interruptions de grossesse. Leur première patiente de la journée a fait deux heures de route pour pouvoir avorter. Elle leur fait part de ses difficultés à obtenir un rendez-vous, et leur rapporte les paroles d'un médecin de l'hôpital de Foligno, une commune voisine : "On ne fait pas cette chose. Nous sommes tous objecteurs. Ici, nous avons une conscience." "Mais qu'est-ce que ça veut dire, 'J'ai une conscience' ? s'indigne Lorenzo Cecconi. Ça veut dire qu'elle, elle n'en a pas ? C'est terrible d'entendre ce genre de choses." 

La patiente confie être "restée une heure dans [s] a voiture à pleurer", "dévastée" par cette phrase culpabilisante assénée par un soignant , "la pire des choses [qu'elle aurait] pu entendre". De tels propos "humilient la patiente et, par la même occasion, la profession", réagit le gynécologue. Et ils sont symptomatiques des difficultés que les médecins non objecteurs croisent en "quantité innombrable", déplore-t-il.

Extrait de "IVG : le chemin de croix des Italiennes", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 9 mars 2023.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.