Vidéo "Dans la restauration, #MeToo n'est pas arrivé" : l'engagement de Manon Fleury, cheffe étoilée à la tête d'une équipe féminine

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"Dans la restauration, #MeToo n'est pas arrivé" : l'engagement de Manon Fleury, cheffe étoilée à la tête d'une équipe féminine
"Dans la restauration, #MeToo n'est pas arrivé" : l'engagement de Manon Fleury, cheffe étoilée à la tête d'une équipe féminine "Dans la restauration, #MeToo n'est pas arrivé" : l'engagement de Manon Fleury, cheffe étoilée à la tête d'une équipe féminine (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
"Envoyé spécial" a rencontré une jeune cheffe qui défend une autre vision de son métier : des équipes uniquement féminines en cuisine, et un management bienveillant. Contre les violences qui entachent parfois le monde de la restauration, Manon Fleury s'est engagée en créant avec d'autres femmes cheffes l'association Bondir.e.

Le petit milieu de la gastronomie ne parle que d'elle : Manon Fleury serait la cheffe qui va inventer le restaurant de demain. Le sien, Datil, a ouvert en septembre 2023 dans le centre de la capitale.

En cuisine, uniquement des femmes, une discrimination positive assumée dans un univers qui reste très masculin. "On a envie de mettre des femmes à des postes à responsabilités, parce que, à notre sens, c'est comme ça que notre métier va évoluer", justifie la jeune cheffe. Le seul homme de l'équipe, Louis Copans, travaille en salle, et il trouve le pari "un peu intimidant, mais hyper stimulant". 

"Dysfonctionnements et déviances" en cuisine

Si Manon Fleury a attiré des femmes dans ses équipes, c'est, pense-t-elle, parce qu'elle a abordé ouvertement la question de leur place dans le milieu de la restauration, en se fondant sur sa propre expérience.

Devoir énoncer une consigne trois fois là où un homme n'avait pas besoin de la répéter, elle l'a vécu. De quoi sentir "assez fortement" qu'on lui attribuait "moins de légitimité". Elle a aussi pu observer "des dysfonctionnements et des déviances" dans les cuisines où elle est passée, même dans celles "où ça se passait globalement bien". Pour que les choses changent en profondeur, elle s'est dit qu'il était temps d'agir.

Actions de prévention dans les écoles hôtelières

En 2021, Manon Fleury s'est jointe à une vingtaine d'autres femmes cheffes pour créer une association, en partant du constat que dans la restauration, le phénomène #MeToo n'était pas réellement advenu. Afin de briser une forme d'omerta qui perdure, Bondir.e mène des actions de sensibilisation et de prévention.

Ce jour-là, avec Natacha Collet, une cheffe très investie dans l'association, Manon Fleury intervient devant les étudiant.es de l'école hôtelière parisienne Jean-Drouant. Le dialogue permet de faire certaines mises au point (oui, un chef qui fait du pied sous la table presque tous les jours, cela peut être assimilé à du harcèlement sexuel), de rappeler le droit de chacun.e à "mettre [ses] limites, peu importe la personne qui fait subir" ce type de comportement.

Les choses ont changé, assure Natacha Collet, depuis leur époque, quand on leur disait : "Reste, c'est un chef prestigieux. Tu vis ton stage, tu prends sur toi, et puis si t'as pas les épaules, ben... change de métier !" La rencontre est aussi l'occasion d'encourager celles qui pourraient subir violences ou harcèlement à en parler, et à changer d'établissement. "Il y a mille autres places. On vous attend quelque part, et on sera ravi de vous recevoir." 

Extrait de "Manon Fleury, une cheffe qui fait mouche", un reportage à voir dans "La spéciale d'Envoyé" consacrée à la gastronomie française le 21 mars 2024.

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