: Vidéo "Bien sûr, c'est dangereux, mais les gens sont morts de toute façon, que ce soit en restant ici ou en se noyant en mer" : un passeur libanais témoigne dans "Envoyé spécial"
Ce Libanais de 33 ans originaire de Tripoli veut rester anonyme. Il est l'un des passeurs qui envoient des familles entières traverser la Méditerranée. Il a expliqué à "Envoyé spécial" comment il procède. Etonnamment, c'est en plein centre-ville de Tripoli que se font les départs de bateaux clandestins. Au milieu de la nuit, les passagers sont amenés sur les quais. Ils doivent traverser un pont, puis se cacher derrière un mur. Ensuite, des bateaux de pêche les emmènent au large, jusqu'à une embarcation plus grosse sur laquelle ils feront la traversée.
Il toucherait environ 1 000 euros "par bateau qui part"
Selon ce passeur, une partie des 3 000 à 7 000 euros que paie chaque passager est versée aux gardes-côtes pour qu'ils ferment les yeux au passage des bateaux. Ensuite, "celui qui dirige la mission est celui qui empoche le plus d'argent : il prend 90%. Le reste de l'équipe se partage 10% des bénéfices". Lui-même, dont le rôle est d'assurer la maintenance des embarcations, dit toucher environ 1 000 euros par bateau qui part.
Pourquoi avoir rejoint ce réseau qui se livre à un trafic d'êtres humains, qu'il considère lui-même comme "une mafia" ? En cause, selon le passeur, la pauvreté et le manque d'emplois au Liban. "Si tu gagnes 5 dollars par jour et que tu as une famille, que fais-tu ?" Se sent-il responsable des noyades qui surviennent lors de ces traversées ? "Bien sûr, c'est dangereux, je ne dis pas le contraire, répond-il. Mais les gens sont morts de toute façon, que ce soit en restant ici ou en se noyant en mer."
Extrait de "Liban, les naufragés de la crise", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 23 février 2023.
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