Ce qu’il faut retenir de Manuel Valls à "DPDA"
Le ministre de l’Intérieur était l'invité de l'émission sur France 2, jeudi soir. Francetv info résume l'essentiel de son intervention, sur le fond et la forme.
Il traverse une passe difficile. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, souffre depuis quelques semaines d'un déficit de popularité dans les sondages. Lui qui surveille cette courbe comme le lait sur le feu a tenté de rectifier le tir, jeudi 6 février, lors de l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2. Pari tenu ? Pour en juger, francetv info résume l'essentiel de sa prestation.
L'enjeu : enrayer la baisse de sa cote de popularité
Son duel hypermédiatisé face à l'humoriste controversé Dieudonné, le succès de la Manif pour tous et son intervention sur la loi famille, finalement reportée, ont renforcé les critiques contre le ministre, qui enregistre des chutes importantes dans les études d'opinion. Coup sur coup, deux sondages de deux instituts différents indiquent que sa cote de popularité a perdu 7 et 8 points.
Bien qu'il reste la personnalité la plus populaire du gouvernement, Manuel Valls avait donc pour objectif de reconquérir l'opinion, jeudi soir. "Il faut regarder les sondages avec intérêt. Mais il faut les regarder sur un temps long. Moi, je ne peux pas regarder les sondages en permanence", a réagi le ministre à propos des résultats des dernières enquêtes d'opinion.
Le style : l'aplomb
Les sourcils froncés, son poing gauche fermé sur la table, les mots clés de son discours appuyés : Manuel Valls s'est montré plein d'assurance. Il a campé sur ses positions, défendu pied à pied ses points de vue et vanté son bilan à de nombreuses reprises.
Pour faire disparaître sa réputation droitière, Manuel Valls a tenu à montrer qu'il était bel et bien ancré à gauche. Il s'est montré déterminé et il a cherché à prouver qu'il avait réponse à tous les sujets. En conclusion, alors qu'on lui demandait de se définir, il a répondu du tac au tac : "De gauche, profondément. Républicain, absolument. Patriote, de plus en plus. Européen, à condition de changer l'Europe."
Le couac : un lapsus sur l'affaire Dieudonné
Interrogé sur l'affaire Dieudonné par la journaliste de France 2 Nathalie Saint-Cricq, Manuel Valls a justifié son duel face à l'humoriste controversé, qui a été hypermédiatisé, par la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Il a à nouveau dit que "se taire, ne rien dire, aurait été pire".
Mais alors que le ministre défendait avec fermeté sa position, il a commis un lapsus. "Le racisme et l'antisémitisme ce sont des délits qui doivent être condamnés par la loi. Depuis qu'il y a eu l'interdiction du Conseil d'Etat, ce personnage ne peut plus proférer dans ses spectacles les mêmes propos. Donc si c'était à refaire, je ne le referais pas", a-t-il déclaré. Or, comme le souligne David Pujadas, il voulait dire : "Si c'était à refaire, je le referais".
Au moment de la conclusion, avec les éditorialistes Jeff Wittenberg de France 2, Alba Ventura de RTL et Franz Olivier-Giesbert du Point, Manuel Valls est revenu sur ce lapus. "Je peux vous dire que si c'était à refaire, je le referais, mille fois", a-t-il déclaré.
La phrase : "Nous avons besoin d'un patriotisme économique"
Manuel Valls a prononcé cette phrase alors qu'il était interrogé par le journaliste économique de France 2 François Lenglet, sur ses positions vis-à-vis de l'Europe. "Je pense que nous avons besoin d'un patriotisme... Je dirais un autre mot : nous avons besoin d'un patriotisme économique", a explicité le ministre. "Je pense que l'Europe doit être capable de se protéger davantage sur le dumping social", a-t-il ajouté. Il a également défendu le made in France.
La passe d'armes sur l'immigration avec Florian Philippot
Manuel Valls s'est retrouvé face à Florian Philippot, pour débattre sur l'immigration. D'emblée, le vice-président du Front national (FN) a critiqué la politique du ministre de l'Intérieur. Les deux hommes ont échangé leurs points de vue sur le droit d'asile, l'immigration légale et illégale.
Le débat s'est ensuite élargi à d'autres sujets. L'affaire Dieudonné, notamment, a donné lieu à un échange musclé de plusieurs minutes entre les deux hommes. "Est-ce que pour vous monsieur Dieudonné M'Bala M'Bala est antisémite ? Est-ce que pour vous monsieur Alain Soral, qui a fréquenté madame Le Pen, est national-socialiste ?", a lancé Manuel Valls à Florian Philippot. "Il a été condamné pour antisémitisme. Vous avez eu des propos extrêmement racistes à Evry (Essonne), vous avez dit 'mettez-moi quelques blancs'", a répondu le vice-président du FN. Agacé, le ministre s'est emporté et a élevé la voix.
Florian Philippot, calme et dans un sourire, lui a ensuite conseillé de prendre des vacances. "Vous avez l'air complètement obsédé par cette affaire Dieudonné. J'espère qu'il vous a envoyé une invitation au moins", a ironisé le vice-président du FN. "Vous pouvez faire des pirouettes, mais ça n'est pas l'essentiel", a finalement rétorqué le ministre de l'Intérieur.
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