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Complément d'enquête. Vaccins, médicaments, médecins : la défiance

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Article rédigé par franceinfo
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Depuis des années, la confiance envers les vaccins et les médicaments est en recul. Des parents refusent de faire vacciner leurs enfants, des familles attaquent en justice un laboratoire... Elles ont remporté une première victoire, puisque la Dépakine vient d'être officiellement reconnue responsable de malformations chez les nouveau-nés. Le monde médical n'échappe pas au doute : les médecins aussi peuvent craquer. Un sujet tabou soulevé par le suicide récent d'un cardiologue de l'hôpital Pompidou.

Au sommaire ce 25 février :

- Vaccinés contre les vaccins
- Le blues des blouses blanches
- Les croisés de la Dépakine

Le 7 janvier, un couple a été condamné à deux mois de prison avec sursis par le tribunal d'Auxerre pour avoir refusé de faire vacciner ses enfants contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), ce qui est obligatoire en France. Le "refus de se soumettre à l'obligation vaccinale" peut être puni de six mois de prison et 3 750 euros d'amende.

Depuis plusieurs années, la vaccination recule dans l'Hexagone. La couverture vaccinale y est la plus faible d'Europe pour l’hépatite B (74%) et la rougeole (89%). Ce serait la cause d'une recrudescence de certaines maladies qui avaient presque disparu, comme la rougeole. L’INVS, l'Institut national de veille sanitaire, a alerté sur sa résurgence après une flambée épidémique en Alsace. Selon l'OMS, l'Organisation mondiale de la santé, la France en est un foyer d'exportation.

Face à l'influence croissante du courant antivaccination ou "antivax", les autorités sanitaires martèlent un discours à la fois anxiogène (sur les conséquences de la non-vaccination) et rassurant (sur l'absence de danger des vaccins). La ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'est inquiétée à plusieurs reprises de l'ampleur de ce "mouvement de défiance envers les vaccins". Certains médecins eux-mêmes fournissent de faux certificats de vaccination

Vaccins : quels effets secondaires ?

Pour ou contre la vaccination ? Les parents réfractaires ne manquent pas d'arguments : adjuvants aux sels d'aluminium accusés de provoquer des inflammations musculaires, vaccin contre l'hépatite B suspecté d'accroître le risque de sclérose en plaques (une enquête a conclu à un non-lieu en janvier 2016)... Certains se demandent si les laboratoires n'auraient pas organisé la pénurie de vaccins pédiatriques de 2015. 

Un mois après la mort d'un patient lors d'un essai thérapeutique à Rennes, la question des effets secondaires des médicaments et celle des responsabilités des laboratoires pharmaceutiques restent brûlantes. D'actualité, elles le sont plus encore avec le rapport de l'Igas (Inspection générale des affaires de santé), publié mardi 23 février. Cette fois, les dangers de la Dépakine sont officiellement reconnus. L'anti-épileptique au valproate commercialisé par le laboratoire Sanofi a provoqué au moins 450 malformations congénitales à la naissance, estime le rapport.

Dépakine : "inertie" des autorités sanitaires

Une estimation insuffisante, selon l'association créée par Marine Martin, dont le fils est atteint de troubles du langage et de malformations physiques suite à la prise de Dépakine pendant sa grossesse. L'Apesac parle de plus de 1 000 cas et réclame un fonds d'indemnisation sur le modèle du Mediator. L'association rassemble près de 300 familles, et des plaintes ont été déposées contre Sanofi pour "tromperie aggravée et mise en danger de la vie d'autrui".

Le rapport de l'Igas pointe en outre "l'inertie" de Sanofi et des autorités sanitaires. Il a fallu attendre 2015 pour que les femmes enceintes soient alertées, alors que les risques sont connus depuis 1982. De nouvelles règles de délivrance de ce médicament avaient été édictées, sans être respectées, ainsi que l'a montré un petit test mené par Francetv info. Une enquête a été ouverte fin septembre sur les conditions de son autorisation et de sa commercialisation. 

Généralistes : le burn-out

Restructurations, sous-effectifs, surcharge de travail, et maintenant absentéisme, on le sait, l'hôpital va mal... Le malaise n'épargne pas les grands pontes : en décembre 2015, le suicide d'un cardiologue à l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris, a fait l'objet d'une enquête interne. Celle-ci a relevé des "dysfonctionnements" qui ont abouti à un "grave conflit [entre médecins]".

Le magazine se porte au chevet d'une médecine en crise et vous propose un reportage sur un sujet tabou : la souffrance de ceux qui nous soignent. Un quart des généralistes seraient en burn-out. Des cliniques spécialisées ouvrent des pavillons pour blouses blanches tombées dans la dépression ou l’alcoolisme. 

Au sommaire

Vaccinés contre les vaccins

Les autorités sanitaires s'alarment du recul de la vaccination en France. Qui sont ces parents qui refusent de faire vacciner leurs enfants et mettent en doute la parole des médecins ?

Une enquête d'Irène Bénéfice, Julien Pelletier et Brigitte Delahaye, suivie d'un entretien avec François Bricaire, infectiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Le blues des blouses blanches

Le suicide d'un cardiologue de l'hôpital Pompidou a mis en lumière un sujet tabou dans les hôpitaux : il y aurait deux fois et demie plus de suicides chez les médecins que dans la population générale. Entre médecins de campagne prêts à "déplaquer" et urgentistes au bord de la crise de nerfs, portrait d’une profession sous pression.

Un reportage de Jean-Karl Lambert, Violaine Vermot-Gaud et Nils Montel, suivi d'un entretien avec Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Les croisés de la Dépakine

Le scandale de la Dépakine a éclaté en mai 2015, mais il couvait depuis les années 80. Cet anti-épileptique est accusé de provoquer de graves effets secondaires quand il est prescrit aux femmes enceintes. Le médicament du laboratoire Sanofi entraînerait des malformations et des troubles neurologiques chez le nouveau-né. Quelle est la responsabilité des autorités sanitaires, du laboratoire, des médecins qui l’ont prescrit ? Des centaines de familles attendent des réponses. "Complément d'enquête" a en rencontré quelques-unes.

Une enquête de Nathalie Sapena, Olivier Gardette et Olivier Broutin, suivie d'un entretien avec Irène Frachon, la pneumologue qui a révélé au grand jour le scandale du Mediator.

La rédaction de "Complément d'enquête" vous invite à commenter l'émission sur sa page Facebook ou sur Twitter avec le hashtag #Cdenquete.

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