Cet article date de plus de neuf ans.

Complément d'enquête : "Banlieues, campagnes : l'apartheid français ?"

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min - vidéo : 70min
Ce replay n'est plus disponible.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions

Après la vague d'attentats terroristes qui ont frappé la France, début janvier, le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé "un apartheid territorial, social, ethnique" dans notre pays. Des mots violents pour décrire une France coupée en deux. D'un côté, Paris et ses élites, et de l'autre, des banlieues et campagnes que personne n'écoute. Sauf quand elles votent Front national. "Complément d'enquête", jeudi 16 avril, à 22h20, sur les "ghettos" français.

Pour des raisons liées aux droits de rediffusion, cette émission n'est plus disponible.

Manuel Valls est-il allé trop loin en parlant d'un "apartheid" en France ? "Un apartheid territorial, social, ethnique" s'est imposé à notre pays, a déclaré le Premier ministre lors de ses vœux à la presse, le 20 janvier. Aussitôt, la classe politique a crié au scandale. Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente déléguée de l'UMP, s'est insurgée contre l'emploi de ce mot "insultant pour la République". Même son de cloche chez Florian Philippot, vice-président du FN, qui a accusé le Premier ministre de "jeter de l'huile sur le feu". 

L'emploi du terme "apartheid" est lourd de symboles : il fait référence à la mise en place de la ségrégation raciale par le régime sud-africain jusqu'en 1994. Ce n'est pas la première fois que Manuel Valls l'utilise. En 2005, après les émeutes dans les banlieues françaises, le maire d'Évry y avait déjà eu recours.

Des mots qui marquent une rupture ?

Ce mot "apartheid" a une résonance forte en France, où la question ethnique demeure un tabou politique et intellectuel. Si le Premier ministre estime que les quartiers sont victimes d'apartheid, cela signifie peut-être, pour lui, que les logiques de ségrégation ne seraient pas uniquement subies, mais au moins en partie construites par les politiques publiques, notamment dans les domaines du logement, de l'éducation et de l'emploi.

Aujourd'hui, ces citoyens "de seconde zone", comme ils se qualifient eux-mêmes, se sentent méprisés par les dirigeants politiques. Que ce soit en Seine-Saint-Denis où l'école semble abandonner ses enfants, ou dans les campagnes où sévit la fracture numérique. Dans certains endroits, impossible de passer un coup de fil ou de se connecter à Internet. Pire, l'État, l'armée et les services publics ont déserté certaines communes. Les habitants s'y sentent déclassés.

Au sommaire :

Téléphone, Internet : la fracture ouverte

On les appelle les "zones blanches". Ni téléphone fixe ni Internet. La raison : aucun entretien des réseaux ni investissement des opérateurs. En Lozère, élus et habitants se battent contre la fracture numérique, à grand renfort de système D. Samuel Humez et Phédora Maryan Green se sont rendus dans cette France qui se sent coupée du monde.

École : la lutte des classes

En Seine-Saint-Denis, les parents d'élèves sont en colère. Ils se sentent victimes de "discrimination territoriale". À la rentrée, ils ont dénombré 18 classes sans enseignant affecté et deux écoles sans direction. Face à la pénurie de remplaçants, le rectorat fait appel à Pôle emploi et recrute des personnes sans formation ni expérience. Un reportage de Laure Pollez et Julien Pelletier.

Les déclassés de Joigny

Pour les guides touristiques, elle reste une charmante bourgade du XVIsiècle, d'allure bourgeoise. Pour ses habitants, c'est surtout un territoire à l'abandon. En quelques années, la commune a perdu ses deux tribunaux, sa maternité, sa caserne. Les commerces ferment et le centre-ville est investi par de nouveaux habitants déshérités. Matthieu Fauroux et Olivier Gardette se sont immergés au cœur de la France oubliée.

 

La rédaction de Complément d'enquête vous invite à réagir à l'émission sur notre page Facebook ou sur Twitter avec le hashtag #Cdenquete.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.