Complément d'enquête : "Vacances : la révolution Club Med"
Le Club Med est né d'une utopie : rendre les vacances accessibles à tous dans un confort rudimentaire. L'argent y était même banni. Mais aujourd'hui, la semaine y coûte au minimum 1 000 euros par personne. Comment le Club Med est-il devenu une institution et un symbole du tourisme haut de gamme dans le monde entier, qui a mis la main sur les plus beaux sites ? De la saga Trigano en passant par les batailles sans merci pour conquérir la marque, "Complément d'enquête", jeudi 14 mai, à 22h25, retrace l'histoire d'une famille qui, en quelques décennies, a transformé une PME familiale en une multinationale de loisirs.
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Le Club Med, créé dans les années 50 sur le mode "baba", est devenu un géant du tourisme et passe aujourd'hui sous pavillon chinois. La nouvelle stratégie de l'entreprise est de monter en gamme sans renier ses racines : "du soleil et des nanas", mais dans un cadre de prestige et avec un service 5 étoiles. Il y a dix ans, l'actuel PDG Henri Giscard d'Estaing a impulsé la montée en gamme. Oublié le Club Med de papa, ses GO, son tutoiement de rigueur et ses cases au toit de chaume. Selon lui, cette transformation était "la seule viable" pour une entreprise qui s'est beaucoup cherchée.
Difficultés financières
Le vie du Club Med est loin d'être un long fleuve tranquille. Accidents, crises financières et régionales, l'entreprise a subi différents remous. Dernier en date, la bataille entre le conglomérat chinois Fosun et l'investisseur italien Andrea Bonomi pour prendre le contrôle du fleuron français du tourisme. C'est le chinois qui l'a emporté, soutenu par l'actuelle direction, avec une offre qui valorise la société à 939 millions d'euros. Avec un souhait : poursuivre la montée en gamme et développer le Club en Chine.
À l'origine, la famille Trigano
C'est un Belge, Gérard Blitz, qui crée au départ ce qui n'est qu'un petit club de vacances. Au tout début des années 50, il embarque aux Baléares une centaine de curieux pour deux semaines au soleil. Ces vacanciers "squattent" sans autorisation un bout de l'île espagnole. Pour les loger, Blitz a prévu des tentes récupérées dans des surplus de l'armée américaine. Gilbert Trigano entre rapidement dans le capital. À eux deux, ils élaborent la recette du Club Med : des villages dans des sites d'exception, une ambiance copains et surtout la formule "tout compris". Révolutionnaire pour l'époque. Le succès est colossal. Le Club triple le nombre de ses membres et multiplie les ouvertures, comme Djerba en 1954 et Tahiti en 1955. Et c'est le jeune Jacques Séguéla qui trouve le slogan, en 1976 : "Le Club, la plus belle idée du bonheur". Jusqu'en 1980, c'est en effet le bonheur. Les clients se ruent sur le Club Med, qui ouvre jusqu'à trois villages par an.
Les années 80 : déclin et résurrection
La guerre du Golfe marque la fin de l'euphorie des années 80. Gilbert Trigano cède sa place à son fils Serge. C'est la crise et les consommateurs sont moins enclins à dépenser. Après une tentative d'incursion vers le low cost, Henri Giscard d'Estaing, qui devient président du directoire en 2012, ne voit qu'une solution pour stopper l'hémorragie : une montée en gamme. Pour être rentable, il n'y a pas d'autre choix que d'augmenter les prix. L'objectif est alors de faire passer tous les clubs à la catégorie supérieure. Le Club Med renoue avec les bénéfices et vise désormais une riche clientèle de touristes asiatiques, russes ou brésiliens. On est loin du Club des débuts...
Pour Complément d'enquête, Julien Daguerre, Geoffroy Duval et Fabienne Clavier-Kaufinger se sont penchés sur les hauts et les bas d'un concept qui a révolutionné nos vacances. Copié, parodié, que reste-t-il aujourd'hui de l'identité fondatrice du Club Med ?
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