: Vidéo Les droits de l'homme ? "Nous n'avons pas abordé ces sujets" : quand le colonel Kadhafi mettait le président Sarkozy dans l'embarras
En 2007, la visite controversée du dictateur libyen devait durer 72 heures, mais elle s'éternisera jusqu'à cinq jours. Cinq journées interminables pour le nouveau président Nicolas Sarkozy : son invité donne libre cours à ses caprices, exigeant par exemple de planter une tente bédouine dans les jardins de l'hôtel Marigny.
C'est dans ce décor inhabituel que David Pujadas l'interviewe pour France 2. Dans cet extrait d'un numéro d'"Affaires sensibles" consacré à "la folle visite d'un dictateur", le journaliste revient sur cette interview "irréelle". "Quand j'ai vu arriver le colonel Kadhafi, raconte-t-il, visiblement, il venait de se réveiller. C'était Keith Richards, moi, c'est l'image qui m'est venue à l'esprit." Est-ce le manque de sommeil ou l'effet de quelque substance ? En tout cas, le colonel a "les yeux gonflés" et "la mine de celui qui passe des nuits plutôt agitées".
L'interview commence. A-t-on le droit, aujourd'hui en Libye, s'enquiert David Pujadas, de critiquer Mouammar Kadhafi ? "Pourquoi voulez-vous qu'on me critique ? rétorque celui-ci. Moi, je ne dirige rien, je n'ai pas de pouvoir, pas de compétences politiques ou administratives. C'est le peuple qui gère ses affaires. C'est lui qui détermine les lois, et qui prend les décisions." Des paroles surprenantes dans la bouche d'un dictateur qui, en trente-huit ans, n'a pas organisé d'élections… Mais c'est une autre déclaration qui va susciter la polémique.
Sarkozy ou Kadhafi, qui dit la vérité ?
"Le président Nicolas Sarkozy a indiqué hier qu'il vous avait demandé de progresser sur le chemin des droits de l'homme, poursuit David Pujadas. Est-ce qu'un jour, on peut s'attendre en Libye à avoir des partis politiques libres et une presse libre ?" "Nous n'avons pas évoqué, moi et le président Sarkozy, ces sujets", répond le "guide" libyen, soutenant que la question n'a "absolument pas" été soulevée par cet "ami et proche collaborateur".
Le président de la République avait affirmé le contraire devant les caméras. Face à des millions de Français, il est contredit par Kadhafi. Sur les bancs de l'Assemblée nationale, l'opposition dénonce un scandale et exige la vérité.
Alors, qui dit la vérité ? Nicolas Sarkozy, bien sûr, si l'on en croit Claude Guéant. "J'ai été le témoin de ce que le président Sarkozy a abordé la question des droits de l'homme, en invitant Kadhafi à aller sensiblement plus loin que ce qu'il avait fait jusque-là", maintient l'ancien secrétaire général de l'Elysée au micro d'"Affaires sensibles".
Extrait de "Kadhafi à Paris, la folle visite d'un dictateur", un document à voir le 18 mai 2023 dans "Affaires sensibles", une coproduction France Télévisions, France TV presse, France Inter, INA et Capa Presse adaptée d’une émission de France Inter.
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