: Vidéo "Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils étaient bidon, mais…" : Claude Guéant sur les contrats de 2007 avec la Libye de Kadhafi, dans "Affaires sensibles"
Le colonel Kadhafi le poing levé sur le perron de l'Elysée, son autre main serrant celle de Nicolas Sarkozy. En 2007, l'image a fait couler beaucoup d'encre – autant que la tente bédouine dressée à sa demande dans les jardins de l'hôtel Marigny. Longtemps assimilé au terrorisme international (ses services secrets ont notamment commandité, en 1989, l'attentat responsable du crash du DC10 d'UTA), l'ancien paria savourait alors son retour en grâce avec ce geste de victoire.
Pour inaugurer son mandat présidentiel, Nicolas Sarkozy, de son côté, a voulu frapper un grand coup diplomatique en œuvrant pour la libération de cinq infirmières bulgares et d'un médecin palestinien, détenus et torturés par le régime libyen depuis 1999. En échange, le "guide" libyen aurait obtenu la promesse d'une invitation à Paris qui acterait sa réhabilitation sur la scène internationale.
Le 18 mai 2023, le magazine "Affaires sensibles" raconte cette rocambolesque visite officielle du dictateur libyen à l'invitation du président français. Qui plus est, elle a lieu un 10 décembre, Journée des droits de l'homme... De quoi susciter la polémique jusque dans les rangs du gouvernement.
"Il faut, d'une certaine manière, justifier non seulement la visite de ce personnage ô combien sulfureux, mais aussi l'éclat qu'elle a..."
Vincent Hugeux, journaliste, auteur de "Kadhafi" (éd. Perrin)dans "Affaires sensibles"
Nicolas Sarkozy a fait miroiter la signature de juteux contrats avec la Libye, d'un montant total d'"une dizaine de milliards d'euros, (...) pour l'emploi et la croissance des Français". Ces contrats porteraient sur la vente de 10 à 14 avions de combat polyvalents Rafale, de 8 à 12 hélicoptères de combat Tigre… Il est aussi question de missiles antichars, d'avions Airbus, et même d'un réacteur nucléaire pour dessaler l'eau de mer. A la clé, pas moins de 30 000 emplois.
Après une rapide réunion de travail, ces fameux contrats sont bel et bien signés, sous l'œil ravi des deux chefs d'Etat. Mais qu'en est-il résulté concrètement ? En réalité, la Libye n'achètera jamais ni Rafale ni hélicoptères, et encore moins de réacteur nucléaire. Loin des 10 milliards promis, le montant final ne dépassera guère les 3 milliards d'euros (grâce à la vente d'avions Airbus). Et les autorités françaises l'auraient compris très vite, en dépit des annonces tonitruantes.
"... Les Libyens avaient conscience que ça faisait partie des figures imposées d'une visite officielle, et que par conséquent il fallait faire quelque chose, mais sans qu'ils aient travaillé les dossiers."
Claude Guéant, ancien secrétaire général de l'Elyséedans "Affaires sensibles"
Au micro du journaliste d'"Affaires sensibles", Claude Guéant, l'ancien bras droit de Nicolas Sarkozy, dit se souvenir de "perspectives contractuelles, plutôt que de contrats". "Un aspect de la visite" qui, selon lui, "n'avait pas été vraiment travaillé, surtout par les Libyens". Et d'ajouter : "Je dirais que les documents par lesquels ils s'engageaient ont quasiment été écrits sur un coin de table…"
Extrait de "Kadhafi à Paris, la folle visite d'un dictateur", un document à voir le 18 mai 2023 dans "Affaires sensibles", une coproduction France Télévisions, France TV presse, France Inter, INA et Capa Presse adaptée d’une émission de France Inter.
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