: Vidéo "Affaires sensibles" : quand le renseignement militaire russe organisait les piratages informatiques du parti d'Emmanuel Macron lors de la présidentielle 2017
En mai 2017, cinq ans avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Vladimir Poutine est déjà au ban de la communauté internationale : le régime russe intervient dans l'est de l'Ukraine et appuie militairement celui de Bachar el-Assad en Syrie. Pourtant, il est le premier chef d'Etat qu'Emmanuel Macron choisit de recevoir officiellement… dans un lieu très symbolique, le château de Versailles. Dans l'après-midi, les deux présidents prennent la parole devant la presse. Une question va mettre le feu aux poudres : elle porte sur les soupçons d'ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle française.
Jugé peu russophile, l'actuel chef de l'Etat français était loin d'être le favori du Kremlin, et l'on sait que Vladimir Poutine lui aurait préféré le candidat de la droite, François Fillon. Dès février 2017, diverses rumeurs et "fake news" sur le candidat Macron sont propagées par deux médias russes financés par le Kremlin et implantés en France, Russia Today et Sputnik (tous deux bannis de l'Union européenne après l'invasion de l'Ukraine). En Marche, le parti du candidat Macron, subit durant toute la campagne une multitude d'attaques informatiques : plus d'un millier, au total.
150 000 mails de collaborateurs d'En Marche publiés sur la Toile
A la veille du second tour, le 5 mai 2017, En Marche est visé par une cyberattaque d'ampleur. Suite à un piratage, 150 000 mails de ses collaborateurs sont publiés sur internet. Pour le journaliste Nicolas Hénin, auteur de La France russe - Enquête sur les réseaux Poutine (éd. Fayard), l'identité du coupable ne laisse guère de doutes : "Le piratage porte la signature du GRU, le renseignement militaire russe."
A Versailles, quand la journaliste demande si le sujet a été évoqué lors du tête-à-tête, Vladimir Poutine assure que non – et glisse que pour lui, il n'y a pas de sujet.
"Il y a un slogan qui est : 'Ne croyez rien jusqu'à ce que le Kremlin le nie.' En gros, rien n'est jamais certain jusqu'à ce que le Kremlin dise 'C'est pas nous'. Et là, c'est bon, on sait que c'est bien arrivé, et que c'est bien eux."
Nicolas Hénin, journaliste, auteur d'une enquête sur les réseaux Poutinedans "Affaires sensibles"
Emmanuel Macron rectifie : "Nous l'avons évoqué lorsque le président Poutine m'a appelé pour me féliciter. Moi, je suis un pragmatique, donc quand j'ai dit les choses une fois, je n'ai pas pour habitude d'y revenir." Cette fermeté dont se félicite le conseiller diplomatique du président français est décryptée ainsi par Nicolas Hénin : "C'est 'Je te tape sur l'épaule en t'invitant à Versailles, et je viens te mettre un petit coup comme ça, histoire de te rappeler que je suis aussi, moi, du gang des puissants virils'."
Extrait de "Poutine-Macron : le face-à-face des présidents", à revoir le 31 mars 2024 dans "Affaires sensibles", une coproduction France Télévisions, France TV presse, France Inter et l’INA, adaptée d’une émission de France Inter.
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