: Vidéo "Affaires sensibles". Comment les tableaux de Corot volés à Semur-en-Auxois en 1984 ont été récupérés au Japon

Le 8 novembre 1987, une équipe de policiers français s'envole pour Tokyo. Ils sont sur la piste de cinq toiles du peintre Jean-Baptiste Camille Corot, le père du mouvement impressionniste. Le vol de ces tableaux d'une valeur inestimable, en plein musée municipal de Semur-en-Auxois, a fait grand bruit, et les médias sont du voyage. Ils se passionnent pour ces chefs-d'œuvre disparus... et surtout pour la commissaire Ballestrazzi, qui mène la délégation.
Les journaux télévisés font de cette "superwoman" vauclusienne de 33 ans "l'attraction numéro un" du moment – devant la chanteuse Madonna, grande star de ces années 1980. A peine pose-t-elle le pied sur le sol nippon que le pays tout entier est subjugué.
Mireille Ballestrazzi ne perd pas pour autant de vue sa mission : remettre la main sur les tableaux. Impression, soleil levant est toujours introuvable, mais les Corot, eux, ont été localisés. La bande de braqueurs de la banlieue parisienne soupçonnée du vol aurait agi sur commande de la mafia japonaise, passée maître dans le trafic des œuvres d'art venues de l'Occident. Les toiles ont en tout cas été revendues sans encombre au Japon, à différents musées et galeries. Le Jeune homme à la casquette a ainsi été acheté 800 000 francs. Un musée d'Osaka, la troisième ville du pays, a déboursé la même somme pour le Crépuscule.
Une petite mise en scène à l'hôtel Nikko d'Osaka
Deux années se sont écoulées depuis que les Corot ont disparu du musée de Semur-en-Auxois, et selon la loi japonaise, rien n'oblige un acheteur de bonne foi à restituer un bien volé passé ce délai. Mireille Ballestrazzi va donc devoir négocier pour persuader leurs nouveaux propriétaires de rendre les tableaux, et composer avec les us et coutumes locaux.
La nouvelle coqueluche du Japon va ainsi se plier à une petite mise en scène, comme le raconte dans cet extrait un avocat d'Osaka. En 1987, Kawata Tsuyoshi défendait le galeriste acquéreur du Jeune homme à la casquette. Il lui en avait coûté "8 300 000 yens, soit l'équivalent aujourd'hui de 50 000 euros. Il ignorait totalement que l'œuvre avait été volée", affirme l'avocat. Pour son client, cette affaire n'était pas une question d'argent, mais d'honneur. Au point de renoncer à ses quelque 8 millions de yens pour remettre solennellement le tableau de Corot à Mireille Ballestrazzi, au cours d'une cérémonie officielle organisée à l'hôtel Nikko d'Osaka.
Le tact de la commissaire a fait des merveilles. Elle a réussi à convaincre les Japonais de lui rendre quatre Corot sur les cinq volés. En prime, la police locale lui a même fait cadeau de sa mascotte. Les médias se font l'écho de ce "succès complet pour Mireille Ballestrazzi et les policiers français", qui ont accompli cette délicate mission en deux petites semaines... et rapportent en France quatre tableaux de Camille Corot.
Extrait de "Le gang des impressionnistes", à voir le 12 janvier 2025 dans "Affaires sensibles", une coproduction France Télévisions, France Inter et l'INA, adaptée d’une émission de France Inter.
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