: Vidéo La technique du cousu-retourné est un savoir-faire au service du grand retour de la charentaise "made in France"
Deux entrepreneurs ne pouvaient se résoudre à voir disparaître de France la production de la charentaise, icône nationale du confort domestique. Olivier Rondinaud et Michel Violleau ont racheté de vieilles machines et constitué une petite équipe d’experts pour relancer la star de la pantoufle… Extrait du magazine "13H15 le samedi" du 14 novembre 2020.
Christian est installé devant une machine à coudre industrielle sauvée de la casse pour assembler la semelle en feutre avec ce qui va devenir le chausson : "J’attrape des tiges, le dessus de la pantoufle et je la mets à l’envers, parce que la particularité de ce principe est de monter à l’envers. C’est pour ça qu’on l’appelle le cousu-retourné", explique-t-il au magazine "13h15 le samedi" (replay). Grâce à l’expérience de ses vingt ans de métier, il fait partie de la petite équipe de l’Atelier charentaises, cofondé par Olivier Rondinaud et Michel Violleau à La Rochefoucauld, dans le département de la Charente.
Les deux entrepreneurs ont sauvé le matériel de La manufacture charentaise, placée en 2019 en liquidation judiciaire, laissant sur le carreau une centaine d’employés. Sans eux, ce chausson typiquement français risquait de n’être plus produit sur sa terre d’origine. Christian travaille à éloigner cette perspective : "Là, je suis en train de poser la première de propreté qu’on appelle la 'douillette' parce que c’est de la laine posée sur mousse qui permet d’avoir un confort… douillet, détaille-t-il. On dit patrimoine charentais, mais c’est le patrimoine français. La plupart du temps, le Français est représenté avec le béret, le pain… et les pantoufles."
"Ce qui est demandé aujourd’hui, c’est d’avoir des produits qualitatifs"
La charentaise a vu le jour au XVIIe siècle, sous le règne du roi Louis XIV. Pour fabriquer la semelle légendaire, des artisans ont eu l’idée de récupérer le feutre issu de l’industrie du papier. Pour le chausson, ils utilisaient des chutes de tissu des uniformes militaires de la Marine. "Le tissu pied-de-poule représente la charentaise de nos aïeux et il y a une clientèle qui a encore besoin de ce tissu-là, de cette qualité et de ce dessin", précise Olivier Rondinaud au milieu de la future collection aux multiples motifs et couleurs actuels.
Le marché de niche de la charentaise est estimé à 100 000 paires par an et cela rentre dans les capacités de la nouvelle entreprise : "Ce qui est demandé aujourd’hui, c’est d’avoir des produits qualitatifs, soit la véritable charentaise. Les clients en sont friands", se réjouit-il quand le cofondateur Michel Violleau ajoute : "Et c’est un produit naturel ! La doublure est en laine et l’assemblage, c’est du coton." De quoi motiver les deux entrepreneurs qui ne pouvaient se résoudre à voir disparaître un objet du patrimoine national, convaincus d’être portés par le retour du "made in France".
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