: Vidéo Tract pour les européennes: la préférence... étrangère du RN!
En campagne pour les prochaines élections européennes, le Rassemblement national a publié un tract féministe pour défendre les droits des Françaises ! Mais qui sont toutes ces compatriotes que le parti de Marine Le Pen met en avant et quels sont leurs droits menacés?
Défendre la Française et sa liberté avec des images d’étrangères… Voilà le paradoxe de ce tract publié par le Rassemblement national dans le cadre de la campagne des élections européennes ! En première page, une jeune femme en short au bord de l’eau, incarne la Française libre ! Il s’agit d’une photo d’agence. Nous avons retrouvé le modèle sur les réseaux sociaux: elle s’appelle Alesya, elle vit en Ukraine !
Une autre jeune fille en jeans, au regard triste, illustre, elle, pour le RN, la Française qui "sous la pression des islamistes de son quartier est dissuadée de porter une jupe". Elle aussi nous l’avons retrouvée, elle se prénomme Zuzanna et nous confirme que la photo a été prise à Myslenice, en Pologne !
Et pour illustrer cette question : “est-il normal d’imposer à des petites filles de sept ans d’être voilées ?”, le parti utilise une photo prise à 10 000 km de la France, en Indonésie, premier pays musulman au monde.
Et ce n’est pas tout, un autre cliché d'une jeune femme sur la plage a lui été pris en Floride et un autre - accompagnant ce commentaire "dans les hôpitaux de France, des hommes refusent d'être soignés par une femme" - a été pris en Bosnie-Herzégovine !
Comment toutes ces images ont-elles été choisies? Le Rassemblement national n’a pas souhaité faire de commentaires.
Les musulmanes françaises déshéritées par la charia?
Au coeur du tract : les droits des femmes françaises qui seraient menacés par l’islam radical. Le RN va jusqu’à se demander : “va-t-on vers une privation des droits successoraux des femmes musulmanes françaises avec l’application de la charia?”
Impossible selon le juriste Nicolas Hervieu, car, aujourd’hui, la charia ne peut pas s’appliquer en France : “le premier verrou, c’est le code civil qui interdit l’application de règles religieuses et discriminatoires en lieu et place du Code civil. Le deuxième verrou, c’est la Constitution qui prévoit un principe d’égalité face à la loi. Et troisièmement, la Cour européenne des droits de l'homme refuserait qu’on applique de telles règles”, explique ce spécialiste en droit public et en droit européen des droits de l'homme.
Pourtant pour justifier son inquiétude, le Rassemblement national s’appuie sur un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme concernant une affaire de succession en Grèce où la charia peut s’appliquer à une minorité musulmane. Selon le parti de Marine Le Pen, cet arrêt aurait ouvert la voie à l’application du droit islamique en Europe. “C’est totalement inexact", répond Patrick Titiun, le chef de cabinet du Président de la Cour européenne des droits de l'homme, "bien au contraire, cet arrêt a fait prévaloir le droit commun qui s’applique à tous sur une loi religieuse qui était appliquée uniquement à une minorité, cette interprétation est totalement erronée, conclue-t-il.”
Contacté, le Rassemblement national maintient malgré tout son interprétation et estime donc avoir le droit de s’inquiéter de cette décision de justice.
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