: Vidéo Quand un actionnaire peut racheter l'entreprise qu'il a lui-même déclarée en cessation de paiement
C’est l’histoire d’un des leaders de l’ameublement, Alinéa, en crise depuis des années. Une situation qui commençait à coûter très cher aux dirigeants. Mais avec l’épidémie et surtout grâce à une ordonnance du gouvernement, un employeur peut effacer ses pertes, licencier à moindre frais et racheter sa propre entreprise.
L’avenir de l’enseigne d’ameublement Alinéa et de ses 2 000 employés se joue au tribunal de commerce de Marseille. Propriétaires de la société en cessation de paiement, Alexis Mulliez et sa famille. Seuls repreneurs... Mulliez Alexis, et sa famille qui possède de nombreuses autres enseignes comme Auchan, Decathlon ou encore Norauto.
Des actionnaires qui rachètent leur propre entreprise et au passage suppriment plus de la moitié des emplois, cette procédure d’exception a été autorisée par le gouvernement en pleine épidémie, mais avec des garde-fous, peut-on lire dans l'ordonnance : "Le tribunal et le ministère public veilleront à ce que le plan de cession ne soit pas seulement l’occasion, pour le débiteur, d’effacer ses dettes et de réduire ses effectifs."
Dans le cas d’Alinéa, c’est justement ce que dénonce Eddy Chhlang, syndicaliste à la CGT : "C’est un effet d’aubaine. On se sert de cette ordonnance, on présente une nouvelle offre et on garde un minimum de magasins, à savoir seulement 9 sur les 26. On se sépare de tout le reste avec près de mille licenciements."
Car les pertes d’Alinéa ne datent pas de l’épidémie. Depuis 2016, les comptes sont dans le rouge. C’est précisément ce qui pose problème à l'avocate des représentants du personnel, Nathalie Campagnolo : "Alinéa rencontre des difficultés économiques depuis de très nombreuses années, et à ce titre-là, c’est dévoyer le dispositif Covid dès lors que l’origine des difficultés d’Alinéa ne se retrouve absolument pas dans la situation sanitaire que nous connaissons."
Contacté, la direction d’Alinéa dément tout opportunisme dans cette restructuration: "Il n’y a pas d’effet d’aubaine, l’épidémie, ça a été le coup de grâce qui a anéantit tous nos espoirs". La direction rappelle aussi que des offres d’emploi dans d’autres enseignes du groupe seront proposées en priorité aux salariés licenciés.
Le tribunal de commerce se prononcera sur cette reprise le 14 septembre prochain. En jeu, la sauvegarde de 865 emplois. Pour le personnel licencié, la direction propose 1 500 euros d’indemnité par année d’ancienneté.
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