: Vidéo Numéros surtaxés : le commerce de la détresse
Un moment difficile ? Des idées sombres ? Depuis des décennies des associations comme SOS Amitié ou encore Suicide écoute répondent gratuitement à tous ceux qui appellent à l'aide. Mais la plateforme a été imitée par d'autres SOS aux intentions moins nobles, qui surtaxent les appels. Qui se cache derrière ces faux amis ?
En cas de solitude ou de détresse, il existe des services téléphoniques où des bénévoles vous écoutent gratuitement. Mais depuis quelques mois, de nouveaux numéros, payants ceux là, ont fait leur apparition, comme le racontait notre confrère du Monde.fr. Le commerce de la détresse, comment ça marche? L’oeil du 20h a décroché son combiné.
Ils se nomment SOS écoute, SOS suicide ou encore SOS solitude, ces services téléphoniques créés en 2017 promettent une écoute attentive 24h/24! Pour... 80 centimes par minute ! Nous avons appelé un de ces numéros, prétextant une peine de coeur. Au bout du fil, une femme tente de me consoler avec des propos et des conseils pas toujours très compréhensibles.
Qui est à l’autre bout du fil ? Sur le site, seuls figurent des prénoms et des photos provenant souvent de banques d’images. Les sites précisent qu'ils ne sont pas des professionnels de santé, juste des écoutants, recrutés par petites annonces sur le Bon coin, payés à la minute entre 10 et 15 centimes. Plus l’appel est long, plus ils touchent.
Un principe qui inquiète les associations reconnues par le ministère de la santé, comme Suicide écoute, un service gratuit, qui n’emploie que des bénévoles. “Il leur faut parfois beaucoup de temps pour arriver aux sujets douloureux", explique Pascale Dupas, la présidente de l'association. "C’est comme si on avait trouvé un créneau pour exploiter la souffrance humaine", s'énèrve-t-elle.
Le fondateur de ces services d’écoute payants nous explique de son côté ne pas voir en quoi ses numéros posent problème : "Qu’est ce qu’ils font les psychiatres, les psychologues, les mutuelles? Ils font un business sur qui ? Sauf que eux, ce n’est pas 80 centimes la minute, c’est 150 euros de l’heure !" explique Maxime Sultan, à l'origine de ces numéros. "On a une charte de déontologie et en cas d’extrême urgence on donne les numéros des samu, pompiers, police et hôpitaux.”
Conformes aux règles en vigueur dans le secteur, ces services d'écoute payants pourraient disparaître d’ici quelque mois. L’AFMM, l'association française du multimédia mobile chargée de réguler le secteur, va durcir les règles : “on a décidé de considérer la pratique comme déloyale et trompeuse vis-à-vis du consommateur en partant du principe qu’un consommateur qui appelle ce type de service n'est pas en pleine possession de ses moyens pour décider ou pas de payer ce tarif”, explique pierre Trocmé, directeur programme des numéros surtaxés. La nouvelle charte déontologique du secteur sera publiée en mai prochain. Les numéros gratuits resteront bien sûr joignables !
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