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Vidéo Les abeilles nourries au sirop de betterave

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 4 min
L'Oeil du 20h : 04/07/19
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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Pour faire du miel, nous pensions qu’il fallait des abeilles, des fleurs et pas mal de savoir-faire. Les apiculteurs utilisent aussi de plus en plus... de sucre.  

Avec le nectar des fleurs, les abeilles fabriquent le miel d’abord pour se nourrir. Pour les aider à passer les mauvaises saisons et stimuler la production, les apiculteurs ont un petit secret: ils nourrissent parfois les essaims au sirop de sucre industriel. Des sirops de nourrissement qui se vendent à partir de 55 euros les 100 kg, livrables par camion citerne.

Un best-seller dans les magasins spécialisés pour l’apiculture. Le leader européen du secteur, Icko, installé à Bollène dans le Vaucluse, en écoule 6000 tonnes par an. "On a du sirop à base de sucre de betterave, on a du sirop à base de céréales, qui est une transformation de céréales et de maïs pour donner de l’isoglucose. On va chercher à booster la colonie pour inciter la reine à pondre et pour que la colonie se développe. Ou alors tout simplement pour maintenir la colonie en vie", explique Pierre Ickowicz, responsable de l'entreprise. "Je peux le manger, aucun problème", précise-t-il, en goûtant son sirop. Des sirops de sucre qui ne doivent pas se retrouver dans le miel. Et pourtant...

Dans les Pyrénées-Atlantiques, la famille Michaud est le premier revendeur de miel en France. Elle se fournit auprès de nombreux apiculteurs. Avant de redistribuer leur miel dans les commerces, l’entreprise les teste tous gràce à sa technique IRMN (Identification par Résonance Magnétique Nucléaire), l’une des deux seuls en France. “On va cartographier le miel, on sait exactement les molécules qui sont présentes”, explique Patricia Beaune, directrice qualité du laboratoire de l'entreprise. Elle teste 100 000 miels  chaque année et régulièrement, Patricia Beaune voit apparaître sur son écran des pics bleus qui signalent la présence de sucre dans les miels. “Ca veut dire qu’il y un sirop de nourrissement qui a été mélangé au miel", explique-t-elle. “Le miel est non conforme à la réglementation, il ne peut pas être appelé miel. Ce n’est pas un problème de sécurité alimentaire, c’est un problème de labellisation. C’est comme si vous croyez manger du foie gras et c’est du pâté”.

L'entreprise affirme retrouver des traces de sirop de sucre dans 10 % des miels français testés. Des miels qu’elle rejette. Le président du plus ancien syndicat d’apiculteurs, Frank Aletru, rappelle que le sirop de nourrissement doit être donné en dehors des périodes de production. “C’est un complément alimentaire qui est indispensable, qui doit être manié avec précaution, pour éviter le passage du sucre dans la partie qui sera consommée par le consommateur. Sur 50 000 individus qui élèvent des abeilles, vous trouverez toujours des gens incompétents et je ne les défendrai jamais", précise l'apiculteur.

Et nourrir au miel?

Dans les Hautes-Pyrénées, Catherine Flurin exploite 800 ruches. Chez elle, pas de sirop de sucre. En complément des fleurs, quand c’est nécessaire, elle donne à ses abeilles un sirop maison fait à partir de leur propre miel. “C'est un miel qu’on a gardé de la saison dernière. Le sucre n’est pas la nourriture naturelle des abeilles. Leur nourriture naturelle c’est le miel, la propolis, et les plantes, donc on leur redonne". Autant de miel qu'elle ne vend donc pas aux consommateurs. "C’est du très bon miel qui a une valeur marchande. Il a un coût de revient de 12 euros le kilo”, reconnaît l'apicultrice. Quarante fois plus cher que certains sirops de sucre industriels. A l’arrivée, son miel est vendu 30 euros le kilo, le prix pour se passer de l’industrie.

En 30 ans, selon plusieurs syndicats d'apiculteurs, le taux de mortalité annuel des abeilles serait passé de 5 à 30%, rendant d’autant plus nécessaire le recours au nourrissement pour reconstituer les colonies d’abeilles.

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