Réforme des 35 heures : l'avis en entreprise
Paul Chapel: Tous les salariés sont aux 35 heures. C'est la durée légale. Mais dans la pratique, ils peuvent faire des heures supplémentaires, payées plus chères : 10% minimum. Ils peuvent aussi travailler plus et accumuler des jours de RTT. Ce sont soit des congés supplémentaires, soit de l'argent sur un compte épargne temps. Dans tous les cas, ça coûte à l'entreprise. Enfin, on peut travailler plus de 35h pendant une période de forte activité C'est ce qu'on appelle l'annualisation du temps de travail. Résultat : en France, un salarié à plein temps travaille, en moyenne, 39,5 heures (et non 35). C'est moins que l'Allemagne (40,7) et moins que la moyenne européenne.
David Pujadas : Merci. Pas de remise en cause de la durée légale mais peut-être des négociations entre syndicats et patronat. Qu'en pense-t-on dans les entreprises ? Un assouplissement serait-il une avancée ou un recul.
Les 35 heures, le sujet divise dans cette PME industrielle. Car ici, les salariés ne sont pas tous logés à la même enseigne. Marc est soudeur, il fabrique des fontaines à eau, il travaille 35 heures pas semaine, pas une de plus.
J'y suis attaché, j'ai 55 ans, je fatigue debout toute la journée. Passer à 40 heures pour un jeune qui a besoin de pognon, ok, mais moi ça m'intéresse pas.
Son collègue travaille lui-aussi 35 heures mais il a une opinion différente. Il gagne 1200 euros net mensuel et il préférerait travailler plus de 35 heures.
J'aimerait travailler plus pour gagner plus.
Une augmentation du temps de travail qui ne conviendrait pas du tout à Patrick. Pour lui, les 35 heures rapportent du temps et de l'argent car il fait systématiquement deux heures sup' par semaine et un jour de RTT chaque mois.
Les heures supplémentaires m'apportent un peu plus d'argent et les RTT me permettent des week-ends rallonges, des rendez-vous chez les médecins.
Pour le patron, les 35 heures sont une charge. Lorsque les commandes affluent, ils doivent payer des heures sup' aux salariés au-delà de la 35 heures. Des heures sup' qui lui coûtent plus cher et qui réduisent la compétitivité de l'entreprise.
Au total sur une année, la majoration des heures entre la 35e et la 39e nous coûtait 15.000 euros par an. Sur nos marges, ça a un impact important.
Pour faire face à ses concurrents asiatiques et italiens, ce patron n'a qu'une revendication: faire baisser le coût du travail.
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