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Quatre exorcistes condamnés pour avoir séquestré une jeune femme

Quatre personnes ont été jugées pour avoir séquestré et torturé Antoinette, une jeune femme qu'elles pensaient possédée.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le tribunal de Grande instance d'Evry, le 2 novembre 2011. (MEHDI FEDOUACH / AFP)

Les faits relatés à la cour d'assises de l'Essonne semblent venus d'un autre âge. Quatre personnes y ont été jugées, de lundi à vendredi 11 octobre, pour avoir séquestré et torturé Antoinette. Ils voulaient l'exorciser. Ils ont été condamnés à des peines allant de trois à six ans de prison.

Lorsque les policiers ont trouvé Antoinette, en mai 2011, elle était ficelée sur un matelas. Privée de nourriture pendant une semaine, juste abreuvée d'un mélange d'huile et d'eau, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 21 ans, avait le visage squelettique et était emmaillotée comme une momie dans des draps et des liens en tissu. Selon les médecins, elle était dans un état de faiblesse et de maigreur extrêmes, mais son pronostic vital n'était pas engagé.

"C'était comme dans les films"

Pour les condamnés, elle était habitée par le diable. Ces membres d'un mouvement protestant évangélique ont expliqué qu'ils ne voulaient que son bien, la "libérer du démon". Interrogés sur les scarifications et marques de coups, ils ont répondu aux enquêteurs que cela venait du démon, selon L'Express. Tour à tour, ils ont décrit une jeune femme marchant "à quatre pieds", comme "une bête sauvage". "Son visage prenait toutes sortes de formes", elle avait une force "surnaturelle", "elle déplaçait les choses", ont-ils raconté. "C'était comme dans les films."

Mains croisées devant lui à la manière d'un pasteur, Eric Derond, alors compagnon de la victime, a assuré qu'il ne doutait "pas une seconde qu'elle était possédée". Il a été condamné à la peine la plus lourde : 6 ans de prison. Considéré comme le meneur des opérations et le leader spirituel du groupe, il se prenait, selon certains, pour un "prophète" qui rêvait "d'énoncer la parole biblique".

A deux jours près

 
Pendant le procès, Antoinette a raconté le "lavage de cerveau" qu'elle a subi après leur rencontre à l'âge de 16 ans. "Dans ma tête, Eric, c'était Dieu, voilà. (...) Il disait que j'étais investie d'une grande mission, que Dieu avait besoin de moi. C'est un discours qui m'a complètement figée".
 
La cour a retenu la séquestration mais pas le chef d'accusation d'actes de torture ou de barbarie.  Le verdict est "insuffisant au regard de ce que j'attendais. Qu'on ne retienne pas la torture me gêne beaucoup", a ajouté Me Christophe René, l'avocat de la famille de la victime. Les condamnés risquaient la perpétuité. "On ne prend pas en compte l'état dans lequel elle était, c'est ça qui est dangereux." "Ce sont des irresponsables qui ne devraient pas rester en liberté", a lancé Jacob, le père de la victime. C'est grâce à son insistance qu'Antoinette a pu être retrouvée par les policiers, après une semaine de calvaire, dans un appartement de la Grande Borne à Grigny (Essonne), où elle vivait depuis plusieurs mois avec les accusés. A la barre, il a lancé : "Deux jours de plus et elle mourait".

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