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Provence : légionnaires à la retraite

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Article rédigé par franceinfo
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Il est situé dans les Bouches-du-Rhône.

Ici, le temps s'écoule doucement. Dans la quiétude et le décor magnifique de la Provence. Au pied de la montagne Sainte-Victoire, Puyloubier vit presqu'au même rythme que les autres maisons de retraite. A quelques détails près. et nous sommes d'anciens militaires. Je trouve normal cette discipline, il faut essayer de la respecter.

On vous a vu saluer le lieutenant.

C'est normal, c'est un officier, ce n'est pas un clampin.

Légalement, ces retraites sont revenus à la vie civile. L'empreinte de l'armée les marquera jusqu'à la fin. C'est un refuge unique au monde, l'institution des Invalides, la maison de retraite des légionnaires. Il ne reste que les murs pour se rappeler en photos le passe. Les plus anciens ont connu la guerre en Indochine ou en Algérie.

Rentrant d'Indochine après de longs mois, un bataillon de la Légion française a rejoint son centre.

A ceux qui fuyaient leur pays, leur famille ou leurs erreurs, la Légion étrangère effaçait l'ardoise pour un nouveau départ. Le légionnaire n'avait qu'une valeur suprême : servir l'armée française.

Le légionnaire est orgueilleux, il se considère comme le premier soldat du monde.

A cette époque, il y avait des gens qui ont tout donne à la France, ce n'était pas leur patrie. Ils ont tout donne à la Légion étrangère et on ne sait pas remercier La nécessité, c'est créer.

Une structure dont l'accès est unique au monde. Ces hommes peuvent avoir quitte l'armée il y a plus de 50 ans ou avoir disparu de la circulation. Quels que soient leurs passeports, leurs réussites ou leurs échecs, leur simple qualité d'anciens légionnaires leur ouvrira les portes de Puyloubier sans discussion, à vie et gratuitement. Aujourd'hui, ils ont raccroché les armes pour la poterie. Ce capitaine, à la retraite mais salarié de l'institution, joue le rôle du chef.

T'es arrivé à combien ? 150 parjour ? Vous êtes boiteux. Le Turc est pas là.

Mon nom, c'est Jean-Louis Combat. J'étais prédestiné ! Je suis ne, je savais déjà que j'allais a la Légion.

Jean-Louis n'est pourtant resté que 5 ans à la Légion. Mais c'est la seule qui ne l'a jamais laisse tomber.

Quand vous avez plus rien, vous retournez dans votre famille. Moi, ma famille est là. Ici, c'est carre. C'est ça qu'est bien, on a un cadre.

Beaucoup, comme lui, ont des trajectoires brisées. Quand le chef les houspille, ce n'est pas du mépris.

Non, la tronche d'un Polonais, on n'en a pas besoin.

C'est la boutade d'une fraternité d'arme.

Ce sont des troupes d'assaut, on fait pas dans la dentelle. Ce sont pas des forces spéciales, c'est du gros, c'est du dur.

Puyloubier n'est pas qu'une maison de retraite. Avec ses vignes, elle produit son propre vin. Mohamed y travaille. A 41 ans, c'est le plus jeune des pensionnaires. Son départ de l'armée a été une descente aux enfers.

Je me suis retrouvé dans la vie civile totalement paumé. Je ne savais pas ce que je faisais, je buvais de l'alcool.

Il est venu se reconstruire. Seuls des légionnaires peuvent comprendre les missions de guerre auxquelles il a participé.

Ex-Yougoslavie, Centreafrique, en autres.

Des moments durs et forts.

Voilà. Il ne se passe pas un jour sans que j'y repense. Dans le milieu de la Légion, on peut se parler, se livrer plus facilement.

Ici, on salue à l'entrée du réfectoire. Au dîner, l'adjudant-chef fait des blagues que seuls les anciens comprennent.

Il a 63 ans. J'ai pas de chance.

Rires.

Faut les accompagner, être avec eux et rigoler avec eux. Leur taper sur la tête, les prendre autour du cou pour les rassurer. Pas les borner, mais pas loin. Un militaire, et qui plus est un légionnaire, sa place c'est pas ici. Soit on est mort au combat.

Certains devront être accompagnés jusqu'au bout, dans ce carre réserve du cimetière où reposent leurs frères d'arme.

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