Pourquoi la Cour des comptes veut réformer les aides à la presse
Dans un nouveau rapport, les sages de la rue Cambon réclament le "réexamen approfondi" de ces aides. Ils souhaitent notamment la suppression de la niche fiscale des journalistes.
La Cour des comptes s'attaque aux aides à la presse. L'institution a publié, mercredi 18 septembre, un rapport où elle demande "le réexamen approfondi" des aides que l'Etat verse chaque année aux journaux français. Objectif : économiser entre 130 et 150 millions d'euros par an.
La Cour des comptes recommande notamment au gouvernement de réexaminer l'abattement fiscal accordé aux journalistes (pour un coût de 60 millions d'euros), la mise en œuvre d'une série de mesures techniques sur les aides à la distribution et la concentration des aides directes sur la presse généraliste, et la transition technologique de la filière.
Peu efficaces, trop coûteuses... Francetv info vous explique pourquoi la Cour des comptes veut réformer ces aides.
Parce qu'elles ne fonctionnent pas
Premier constat, ce système ne fonctionne pas. Malgré les aides de l'Etat, la presse continue de s'enfoncer dans la crise. "En tout état de cause et comme en témoigne la décroissance du tirage et de la diffusion, la crise de la presse persiste et s'accroît, en dépit des moyens importants engagés par l'Etat", écrit la Cour.
"La plupart des aides présentent des résultats très en deçà des attentes et des moyens engagés, tacle la Cour. L'institution pointe du doigt les aides à la modernisation, "qui paraissent avoir insuffisamment incité les entreprises à engager leurs nécessaires mutations technologiques", "l'échec relatif" de l'opération Mon journal offert et "les effets contradictoires" de l'aide au transport postal et de l'aide au portage.
Parce qu'elles coûtent cher à l'Etat
La Cour rappelle que "la presse constitue un secteur économique qui est fortement soutenu par l'Etat". Entre 2009 et 2011, les aides à la presse ont coûté 5 milliards d'euros à l'Etat. Pour le seul budget 2013, elles pèsent 684,3 millions d'euros.
Et alors que le gouvernement tente de maîtriser les comptes publics, ces aides ne cessent d'augmenter. "Cette accumulation d'aides hétérogènes s'est accentuée depuis les états généraux de la presse écrite de 2008", constate la Cour, qui remarque que le plan d'aide 2009-2011 "a conduit à un doublement des dépenses budgétaires (324 millions d'euros en 2009 contre 165 millions d'euros)".
Parce qu'elles rendent la presse dépendante
Les aides de l'Etat sont "une contribution essentielle au financement du secteur de la presse écrite", constate le rapport. Selon les calculs de la Cour, elles représentent "7,5% à 11% du chiffre d'affaires global des éditeurs de presse".
Si l'on rapporte ces chiffres à chaque exemplaire diffusé, le montant des subventions est "significatif". Il oscille entre 4 centimes d'euros pour Le Parisien et grimpe jusqu'à 48 centimes pour L'Humanité. Le Monde est subventionné à hauteur de 19 centimes par exemplaire, Le Figaro à 17 centimes, Libération à 27 et La Croix à 32 centimes.
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