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Vidéos Des paroles et des actes. Ce qu'il faut retenir de la confrontation entre Alain Finkielkraut et Daniel Cohn-Bendit

L'ancien député européen Les Verts et le philosophe ont notamment confronté leurs idées sur l'école, l'intégration et la vie politique française.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Alain Finkielkraut et Daniel Cohn-Bendit. (DR)

Après une année 2015 chargée sur le plan social et politique, David Pujadas a reçu sur le plateau de l'émission "Des Paroles et des Actes" Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen Les Verts/Alliance libre européenne, et Alain Finkielkraut, philosophe et membre de l'Académie française. Les deux hommes ont exposé leur vision de la France et de l'Europe. Ils ont aussi évoqué les problèmes du système scolaire français et de la montée du communautarisme. Francetv info vous résume l'émission en vidéos.

Finkielkraut attaqué sur sa responsabilité d'intellectuel

Wiam Berhouma, une enseignante venue sur le plateau de l'émission, a interpellé le philosophe Alain Finkielkraut sur sa responsabilité d'intellectuel : "Là où votre rôle d'intellectuel, c'était d'éclairer les débats, vous avez au contraire obscurci nos pensées, nos esprits, avec tout un tas de théories vaseuses et tout à fait approximatives." Elle a surtout regretté qu'Alain Finkielkraut n'évoque pas le racisme dont les musulmans sont victimes.

 

"Je dois vous dire que je suis absolument accablé par ce que je viens d'entendre." Alain Finkielkraut s'est défendu en s'appuyant sur certains intellectuels musulmans qui dénoncent les dérives de l'islamisme. Il a aussi souhaité que l'on condamne "tous les racismes" et pas seulement celui envers les musulmans. 

L'enseignante a également marqué l'émission avec une petite phrase à l'adresse de l'intellectuel : "Pour le bien de la France, taisez-vous". Une pique qui a donné l'occasion à Alain Finkielkraut de s'expliquer sur un incident survenu en 2013 sur le plateau de l'émission "Ce soir ou jamais" de Frédéric Taddeï, où le philosophe avait perdu son sang-froid : "Je suis accusé d'être barréssien [partisan de Maurice Barrès, figure de proue du nationalisme français], c'est un contre-sens terrible, j'essaie de répondre et je suis interrompu une fois, deux fois, trois fois pour pouvoir finir ma phrase, je dis 'taisez-vous'."

Cohn-Bendit et Finkielkraut s'affrontent sur l'école 

Si les deux hommes partagent certains constats, ils sont souvent en désaccord sur les solutions à apporter. Alain Finkielkraut a une nouvelle fois attaqué le modèle scolaire français qui privilégie le "prêchi-prêcha" des enseignements pluridisciplinaires au lieu des matières de base comme la lecture et l'écriture. De son côté, Daniel Cohn-Bendit a reproché à Alain Finkielkraut d'être dans la contradiction et lui a rappelé que l'école avait le mérite d'essayer de "rattraper des inégalités".

Un peu plus tard quand Alain Finkielkraut s'est inquiété de la montée des phénomènes communautaristes au sein de l'école, Daniel Cohn-Bendit a livré une autre analyse : "Mais ces enfants qui sont dans la République française pourront apprendre s'ils se sentent bien et s'ils se sentent chez eux."

Des solutions divergentes pour lutter contre l'islamisme

Alain Finkielkraut a d'abord voulu insister sur l'échec de l'intégration française : "l'intégration connaît des ratés [...] parce qu'on a abandonné le mot d'assimilation pour celui d'intégration." Il s'est ensuite inquiété de constater que dans certaines banlieues "les insultes les plus répandues" étaient "sales juifs et sales Français".

Alain Finkielkraut a également estimé que le dialogue ne marchait plus dans des lieux où l'islamisme était devenu majoritaire, comme à Molenbeek en Belgique. Daniel Cohn-Bendit l'a contredit en lui rappelant que les islamistes n'étaient pas en majorité dans cette ville belge : "Les islamistes, c'est comme la mafia dans un village sicilien, ils ne sont pas majoritaires, mais par la terreur, ils tiennent un village. Donc il faut défendre le village pour qu'il se libère de cette terreur." L'ancien député européen a estimé qu'il fallait donc "des médiateurs et des policiers" dans des villes comme Molenbeek.

La petite phrase : "Alain Finkielkraut est angoissé"

Si le débat est resté courtois entre les deux invités, cela n'a pas empêché quelques attaques bien placées. Daniel Cohn-Bendit a notamment taclé Alain Finkielkraut et son idée d'"identité malheureuse", exprimée dans l'un de ses livres : "Il y a des Français qui sont heureux, il y a des Français qui sont malheureux [...]. Alain Finkielkraut est angoissé, il est malheureux, c'est son droit, il aime le malheur."

Les regrets de Daniel Cohn-Bendit

A la toute fin de l'émission, un sondage a été présenté à Daniel Cohn-Bendit, montrant notamment qu'un électeur de gauche sur deux aimerait le voir jouer un rôle politique à l'avenir. Malgré cela, l'ancien député européen a assuré qu'il restait en retrait de la vie politique et qu'il ne participerait pas à d'éventuelles primaires : "Moi, je suis trop vieux, et je trouve qu'il faut un renouvellement, et j'ai loupé mon coup quand j'ai pas été à la primaire quand Hollande était là... Avec le succès d'Europe Ecologie ! Quand on rate son coup dans l'Histoire, eh bien l'Histoire vous châtie."

Il a en revanche fait une confession : "La seule chose où je pourrais être candidat, si vous voulez le savoir... s'il y avait une élection directe à la présidence de l'Union européenne, je suis tout de suite candidat [...], même si j'ai quatre-vingts berges."

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