Une nouvelle donne politique pour la campagne ?
Avec la série des assassinats de Montauban et de Toulouse qui a bouleversé le pays, la campagne s'est trouvée momentanément suspendue. L'opération du Raid conduite, dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 mars, ouvre maintenant une nouvelle séquence.
Au-delà de l'émotion légitime que suscite l'horreur des tueries de Toulouse et de Montauban, la séquence actuelle de la campagne présidentielle est extrêmement complexe à gérer pour les postulants à l'Elysée.
Dans la foulée de l'opération des policiers du Raid engagée à Toulouse très tôt, mercredi 21 mars, contre un jeune homme soupçonné d'être l'auteur de l'assassinat d'enfants d'une l'école juive de Toulouse et de parachutistes à Montauban, la politique a repris ses droits. La trève électorale préconisée par Nicolas Sarkozy et François Hollande s'est achevée.
A vrai dire, la trève en question n'a eu qu'un aspect virtuel pour les autres candidats. Pour les deux qui sont les favoris des sondages, elle s'est surtout traduite par un "clonage" de leur attitude respective. M. Sarkozy a rapidement quitté son costume de candidat pour endosser ses habits de chef de l'Etat. Tout en retenue et en discrétion, M. Hollande s'est mis immédiatement dans les pas de son concurrent.
Sarkozy et Hollande sur une ligne de crête
A l'évidence, les deux hommes ne bénéficient pas, en la circonstance, du même statut mais tous les deux évoluent sur une ligne de crête avec le souci de ne pas basculer sur l'un ou l'autre des versants de celle-ci. Pour M. Sarkozy, il faut se garder d'"en faire trop" et pour M. Hollande éviter de se faire par trop distancer. Tout est question d'image et de présence en ce moment.
C'est en fonction de ce paramètre médiatique que Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou se sont mis en rupture de l'attitude modérée adoptée par MM. Sarkozy et Hollande.
La tragédie du massacre des enfants juifs de Toulouse a brisé net la dynamique dans laquelle se trouvait le candidat du Front de gauche depuis la prise symbolique de la Bastille, dimanche 18 mars, par une centaine de milliers de manifestants pour commémorer la Commune de 1871.
M. Mélenchon, qui avait du reste donné l'impression d'être un peu dépassé par l'ampleur de l'événement, pouvait malgré tout espérer "surfer" pendant toute une semaine sur ce succès. "Poursuivre la campagne, c'est un acte de résistance morale, intellectuelle et affective. C'est montrer qu'en toutes circonstances, la vie l'emporte sur la mort", a-t-il donc déclaré pour tenter de reprendre la main.
La sécurité et le terrorisme, prochains thèmes de la campagne
Pour M. Bayrou, la problématique était différente. Encalminé dans les sondages, le président du MoDem a choisi un autre registre : celui de la dénonciation d'un "climat d'intolérance croissant", selon lui. Sujet de campagne Et paradoxalement, celui qui ne cesse de prêcher l'unité nationale se trouvait ainsi en décalage de son discours politique.
Enfin, Marine Le Pen s'est plutôt trouvée en situation d'observatrice que d'actrice. Même si, dans le cas d'espèce, les références à l'intolérance visaient moins, implicitement, la candidate du Front national que celui de l'UMP, celle-ci n'a pas manqué, dès mercredi matin, de se placer sur le terrain de la victimisation et de reprendre un des thèmes favoris de l'extrême droite : la menace fondamentaliste.
L'arrestation du suspect clos cette parenthèse qui n'en était pas vraiment une et elle ouvre une nouvelle séquence de la campagne. Certains vont y avoir perdu en crédibilité sans qu'on puisse sérieusement dire que cela aura des conséquences sur l'approche des électeurs à leur égard.
La sécurité et le terrorisme vont s'installer comme thèmes dominants pendant quelques jours. Une occasion, probablement, pour Mme Le Pen d'interpeler ses adversaires politiques sans précautions de langage et sans souci de la mesure. Un souci, au contraire, qui devrait être celui de MM. Sarkozy et Hollande.
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