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Un meilleur accès aux grandes écoles : "Les solutions qu'il apporte sont nécessaires" mais "pas encore suffisantes" selon la députée européenne Nathalie Loiseau

Les mesures annoncées par le chef de l'État sont "tout à fait nécessaires, parce que la promesse méritocratique date de la Révolution", rappelle Nathalie Loiseau.

Article rédigé par franceinfo
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Nathalie Loiseau, députée européenne LREM. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Emmanuel Macron a entrouvert jeudi la voie d'accès à cinq prestigieuses écoles de l'administration, dont l'ENA, à des jeunes d'origine modeste afin que plus "aucun gamin dans notre République se dise : 'ce n'est pas pour moi'". "Les solutions qu'il apporte sont tout à fait nécessaires" mais "elles ne sont pas encore tout à fait suffisantes", a réagi jeudi 11 févirer sur franceinfo Nathalie Loiseau, députée européenne LREM, ancienne directrice de l'ENA pendant 5 ans de 2012 à 2017.

Les mesures annoncées par le chef de l'État sont "tout à fait nécessaires, parce que la promesse méritocratique date de la Révolution", rappelle Nathalie Loiseau. Citant la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, elle souligne que "les emplois publics doivent être accessibles à tous, sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents". Selon elle, "aujourd'hui, on a une reproduction sociale dans toutes les grandes écoles, à l'ENA, à Polytechnique, à Normale Sup, partout". Elle juge "nécessaire d'élargir très nettement l'accès à des classes préparatoires pour des gens qui viennent de milieux modestes, que ce soit des quartiers périphériques, que ce soit de la ruralité, que ce soit de l'outre-mer également".

"Il est toujours difficile d'être recruté sur un quota"

Lorsqu'elle était la tête de l'ENA, Nathalie Loiseau assure qu'elle avait monté "la première classe prépa égalité des chances. A l'époque, c'était 20 places", précise-t-elle. Aujourd'hui, avec "1 700 pour les grandes écoles de service public, c'est très bien". Mais la députée européenne tient à faire remarquer que pour "les grandes écoles de service public", on y rentre "après cinq ans d'études supérieures". Elle estime que la "discrimination, la dissuasion, le sentiment que, ce n'est pas pour moi, ou tout simplement l'ignorance de ces parcours, cela commence bien avant, dès le collège, dès le stage de la classe de troisième". Nathalie Loiseau constate qu'il y a "énormément à faire en amont pour faire connaître les parcours". Elle pointe "un délit d'initié culturel". "Ce n'est même plus une question d'argent. C'est une question de connaissance des parcours et d'aide au parcours scolaire de ces enfants."

Nathalie Loiseau s'interroge par ailleurs sur la notion de quota de jeunes de milieux modestes dans les grandes écoles. "Il est toujours difficile d'être recruté sur un quota", estime l'ancienne directrice de l'ENA. "Pour autant, quand les choses bloquent, il faut arriver à les débloquer." Elle se dit "d'accord pour qu'on leur donne toutes les chances pour réussir".

"Est ce que ce sont des quotas dans les concours ou est-ce que c'est leur faire connaître l'existence de ces parcours, les aider à s'y préparer", ou "donner davantage de moyens à ces classes préparatoires, aider financièrement davantage les jeunes qui veulent s'y engager, leur donner un diplôme à la sortie, même s'ils ratent les concours?" Pour Nathalie Loiseau, ce sont "des mesures qui sont tout à fait bienvenues", mais elle estime "qu'il faut aller beaucoup plus loin".

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