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"La France, un pays de race blanche" : le général de Gaulle a-t-il vraiment tenu ces propos ?

Invitée de l'émission '"On n'est pas couché" sur France 2, Nadine Morano a fait référence au général de Gaulle pour affirmer que la France est un "pays de race blanche".

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Nadine Morano, députée européenne Les Républicains, à Paris, le 15 octobre 2010. (CHARLES PLATIAU / REUTERS)

C'est une habituée des phrases chocs. Samedi 26 septembre, sur le plateau de l'émission "On n'est pas couché" sur France 2, la députée européenne (Les Républicains) Nadine Morano a de nouveau créé la polémique en déclarant : "Nous sommes un pays judéo-chrétien. Le général de Gaulle le disait, de race blanche, qui accueille des personnes étrangères."

Cela fait plus de vingt ans que cette citation est reprise par l'extrême droite, soulignent Les Inrocks. En 2009, le Front national l'avait même utilisée sur des affiches lors d'une campagne sur l'identité nationale. Or il ne s'agit pas d'une déclaration publique du chef de la France libre. Francetv info fait le point.

Des propos rapportés, mais jamais écrits par le général

"La France est un pays de race blanche" : cette phrase fait partie des citations attribuées à Charles de Gaulle par Alain Peyrefitte, ancien ministre de l'Education nationale du général, dans son ouvrage C'était De Gaulle, rappelle L'Obs

“C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français !

Charles de Gaulle

C'était De Gaulle, Alain Peyrefitte

Cet ouvrage d'Alain Peyrefitte a été publié en 1994, plus de vingt-quatre ans après la mort du général de Gaulle. Il aurait prononcé cette phrase le 5 mars 1959, durant la guerre d'Algérie.

Pour l'historien Jean-Paul Bled, directeur de la revue Etudes gaulliennes, contacté par Les Inrocks"cette phrase a été prononcée à l'emporte-pièce dans une conversation privée, mais il n'y a aucune trace écrite dans ses mémoires ou ses discours (...), il ne peut donc en être comptable".

Le sens historique du mot "race" 

Samedi soir, l'ancienne ministre de la Famille de Nicolas Sarkozy s'est défendue sur l'usage du mot "race" avec cet argument : "Le mot est dans le dictionnaire, je ne vois pas en quoi il est choquant." Certes, le mot est bien dans le dictionnaire, mais depuis le milieu du XXe siècle, le contexte a changé, et le sens du terme avec.

Pour Laurent de Boissieu, journaliste politique au quotidien La Croix, le mot "race" dans les années 1950 ne portait pas de connotation pseudo-biologique comme aujourd'hui. L'expression "race blanche" renvoie à une description géographique : "Le continent blanc (l'Europe), le continent jaune (l'Asie), le continent noir, avec une distinction entre l'Afrique blanche du Nord et l'Afrique noire subsaharienne", note le journaliste.

Aujourd'hui, si cette identification par couleur de peau n'est plus courante, elle l'était chez toute une génération d'après-guerre, où la conception du monde justifiait l'usage du mot "race". C'est sur cette ambiguïté que continuent de jouer les racialistes.

Afin de mettre fin à ces polémiques, l'Assemblée nationale a supprimé le mot "race" de la législation française le 16 mai 2013, à la suite d'une promesse de campagne de François Hollande

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