Situation de crise àl'UMP. Jean-François Copé refuse de lâcher à Alain Juppé la présidence duparti, ce que demande François Fillon. L'ancien premier ministre ne passera paspar la commission des recours internes, il ira directement devant un tribunal.La Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales (Cocoe), bien qu'elle semble reconnaître un possible oubli, ne reviendra passur les résultats. Mais en réalité, qui a obtenu le plus de voix ? Qui estcapable de trancher ? Que veulent les deux protagonistes de l'histoire ? Retoursur la crise de l'UMP en dix questions. A l'heure actuelle,qui est président de l'UMP ? Les résultats officielsont été proclamés lundi soir : Jean-François Copé est officiellement le nouveauprésident de l'UMP. D'après les chiffres définitifs publiés sur le siteinternet du parti, Jean-François Copé a obtenu la majorité des voix, soit 87.388contre 87.290 pour François Fillon. Il est donc élu.Sait-on qui a obtenuen réalité le plus de voix ? Cela reste très flou. Mercredi,soit deux jours après la proclamation des résultats officiels, les soutiens deFrançois Fillon ont contesté les chiffres. Pour eux, l'ancien Premier ministre l'emporteavec 26 voix d'avance, avec 88.004 votes contre 87.978 pour son adversaire. Laraison ? La Commission d'organisation et de contrôle des opérations électoralesde l'UMP, la Cocoe, aurait oublié de compter les voix correspondant à troisfédérations d'Outre-mer : la Nouvelle-Calédonie, Mayotte et Wallis et Futuna,qui représentent 1.304 voix. Mais cette avance n'a pas été confirméeofficiellement.Y a-t-il eu desfraudes ? Ce n'est pas attesté, iln'y a pour l'instant que des soupçons de fraude. Ce jeudi, Jean-François Copé aenvoyé un nouveau message à ses soutiens sur internet. Il accuse à nouveau les"fillonistes" de fraude, en particulier dans les bureaux de vote niçois. Ilajoute une accusation de fraude en Nouvelle-Calédonie, l'un des départementsconcernés par le possible oubli de comptage.Quelle est laposition de la Cocoe ? Dans un communiqué,François Fillon affirme que Patrice Gélard, président de la Cocoe, a "confirmé"cette erreur. Mais Patrice Gélard précise que c'est le "camp Fillon quidéclare que cela inverse les résultats ", et non lui-même. D'après leprésident de la commission, la Cocoe ne peut plus rien."Nous avons rendules résultats publics lundi soir au vu des informations dont on disposait.C'était une décision de la Cocoe et les deux parties étaient parfaitement aucourant. Dès lors, je ne suis plus saisi. Dorénavant, toute contestation doit êtreadressée, le cas échéant, à la commission des recours". Quels sont lesrecours envisageables ? Il y a donc deux recourspossibles pour contester les résultats. Un recours interne, devant lacommission des recours du parti ; ou un recours externe, devant un tribunal degrande instance. Pour déposer une contestation devant la commission des recours, selon le guide électoral du parti, le camp Fillon dispose de cinq jours après l'annonce des résultats,c'est-à-dire jusqu'à vendredi à minuit.La commission desrecours de l'UMP, c'est quoi ? Il s'agit d'une sorte decour d'appel. Elle est composée de neuf membres, dont quatre avaient prisposition pour François Fillon et quatre pour Jean-François Copé (dont leprésident de la commission, qui est par ailleurs poursuivi en justice pour abusde faiblesse). C'est cette instance qui tranchera en dernier recours.Que dit FrançoisFillon ? François Fillon nerevendique plus la présidence de l'UMP. Mercredi soir dans le journal de 20heures de TF1, il a affirmé "renoncer à la présidence" duparti. Mais il refuse que Jean-François Copé reste en poste, et demande la médiationd'Alain Juppé pour assurer une transition. C'est pour lui désormais unequestion de principe :"L'UMP ne peut pasêtre gouvernée par quelqu'un qui a 26 ou 86 voix d'avance. La présidence del'UMP ne peut pas reposer sur l'oubli – s'il y a oubli – de trois départementsfrançais". Aussi l'ancien Premierministre n'exclut-il pas de s'en remettre à la justice, si l'équipe deJean-François Copé n'accepte pas cette médiation. Il ne passera pas par lacommission des recours, car il dit ne pas avoir confiance en cette instance. Ila également demandé la publication complète des résultats, fédération parfédération.Comment réagit leclan Copé ? Jusqu'à mercredi soir, Jean-FrançoisCopé ne concevait pas que François Fillon fasse appel à la justice : "Jene peux pas imaginer qu'il puisse aller à de telles extrémités. C'est pour celaque je suis prêt à parler avec lui", a-t-il déclaré au journal de 20hde France 2, ajoutant que le recours devant la commission interne de l'UMPétait possible. Recours qu'il a finalement lui-même demandé, jeudi.Revirement ce jeudi matin: l'ancien Secrétaire général du parti se dit lui aussi prêt à aller en justicepour trancher le contentieux. Il refuse par ailleurs la médiation d'Alain Juppé,proposée par François Fillon, qui "n'a pas de sens" selon lui."Le comportementde François Fillon, c'est l'histoire d'un mauvais perdant qui vient donner desleçons de morale".Que peut changer unrecours en justice ? Selon la loi, un partipolitique est une association loi de 1901. Or, les litiges entre les membresd'une association relèvent du droit privé commun. C'est donc un tribunal degrande instance qui doit trancher ce type de litige. Si François Fillon engageun recours en justice, il peut demander une action en annulation. Le jugepourra alors désigner un administrateur provisoire chargé de procéder à unenouvelle élection.Quelles issuespossibles ? La rupture sembledéfinitivement consommée entre les deux prétendants à la présidence. FrançoisFillon refuse le "rassemblement" proposé par Jean-FrançoisCopé, et refuse une rencontre si Alain Juppé n'est pas également présent.Trois issues semblent doncpossibles, François Fillon ayant annoncé qu'il n'avait pas l'intention dequitter sa famille politique, ni celle de faire appel à la commission desrecours :Premièrehypothèse : le climat s'apaise et les deux camps acceptent finalement unrassemblement. François Fillon deviendrait vice-président comme le lui aproposé Jean-François Copé.Deuxièmehypothèse : Jean-François Copé accepte la médiation d'Alain Juppé. Celui-cidevient donc président par intérim en attendant un règlement de la crise.Troisièmehypothèse : aucun compromis n'est trouvé, l'affaire devra alors se réglerdevant les tribunaux ; ce qui pourrait provoquer l'implosion du parti.