TVA, CSG, coût du travail : l'analyse de l'économiste Thomas Piketty
Avant le sommet consacré aux questions sociales -qui pourrait déboucher sur une hausse de la TVA- et avant que François Hollande ne présente ses propositions fiscales, l'économiste Thomas Piketty avance ses solutions dans "Libération".
Thomas Piketty, spécialiste des inégalités économiques, lauréat en 2002 du Prix du meilleur jeune économiste de France, professeur à l'Ecole d'Economie de Paris, auteur remarqué d'un "Pour une révolution fiscale" estime dans "Libération" que "notre système de protection sociale repose trop fortement sur des cotisations assises sur les seuls salaires". Une position que cet économiste classé à gauche défend depuis longtemps.
Une fois ce constat fait, Thomas Piketty affirme que la réforme du financement de la "protection sociale est une vraie question" et que l'opposition doit saisir cette occasion pour "sortir du cafouillage fiscal des deux dernières semaines".
Cotisations patronales : 110 milliards d'euros
Il estime que la création de la CSG (contribution sociale généralisée) en 1990 "a en partie" résolu la question des "cotisations salariales maladie et famille". Reste donc "le plus gros morceau", comme il le dit, "les cotisations patronales".
Selon l"économiste, celles ci représentent 110 milliards d'euros, soit "deux fois l'impôt sur le revenu".
Sur ce point, Thomas Piketty met en doute la possibilité de passer par la TVA pour transférer ces sommes en raison de l'assiette même de la TVA jugée trop étroite (1 point de TVA ne rapporte "que" 6 milliards, tandis qu'un point de CSG en rapporte 12,5 milliards) et de son caractère injuste.
Pour transférer "la totalité de des 18,2 % de cotisations patronales, il faudrait porter la TVA à plus de 35 % (...) La TVA sociale n'est tout simplement pas à la hauteur de l'enjeu", affirme T.Piketty.
"La CSG progressive seule alternative à la TVA sociale"
"La CSG constitue potentiellement un bien meilleur outil. A deux conditions", ajoute l'économiste.
Ces deux conditions: obliger par la loi les employeurs à augmenter les salaires d'un "montant équivalent à la baisse des cotisations" et créer une "vraie CSG progressive". Et Piketty de proposer un barême, de 0% pour les revenus inférieurs à 2000 euros à 2% au delà de 4500 euros.
Le gouvernement qui devrait annoncer ses décisions après le sommet de mercredi n'exclut pas un panachage entre TVA et CSG, même s'il n'évoquer pas la possibilité d'une CSG progressive.
La CSG est d'ailleurs au centre des projets de réforme fiscale que devrait annoncer le candidat socialiste, François Hollande. Reprenant certaines pistes du, le candidat PS pourrait proposer une fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG...ce qui reviendrait à rendre cette dernière progressive.
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