Syndicats, FN et UMP, tout le monde (ou presque) se rue sur le 1er-Mai
Défilé des organisations syndicales, anniversaire de Jeanne d’Arc, "vraie fête du travail"... A quelques jours du second tour de la présidentielle, chacun tente de s'approprier ce jour symbolique.
Un rassemblement et deux défilés : ce 1er-Mai s'annonce chargé sur le pavé parisien. A coté de l’habituel défilé des organisations syndicales et de l’anniversaire de Jeanne d’Arc fêté par le Front national, Nicolas Sarkozy organise un grand rassemblement pour la "vraie fête du travail", aujourd'hui. Si quelques responsables de la gauche ont prévu de défiler derrière les organisations syndicales, François Hollande, lui, sera à Nevers (Nièvre) pour rendre hommage à Pierre Bérégovoy, qui a mis fin à ses jours dans cette ville, le 1er mai 1993.
La "vraie fête du travail" de l’UMP
Le terme même a fait débat. Après avoir voulu faire du 1er-Mai la fête du "vrai travail”, expression qui a fait des remous, Nicolas Sarkozy a finalement opté pour la "vraie fête du travail". Il a donc donné rendez-vous aux militants UMP place du Trocadéro, à 14 heures. Déjà en 2007, le candidat UMP avait fait campagne sur le travail et "contre l’assistanat". Cette année, il s’est en plus mis à dos les syndicats.
Depuis l’appel de Bernard Thibault (CGT) à voter contre lui, le président candidat a vivement critiqué les corps intermédiaires et particulièrement la CGT, qui selon lui "trahit la cause du syndicalisme". Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, qui n’a pas donné de consigne de vote, a toutefois jugé que le discours de Nicolas Sarkozy sur le travail était devenu "insupportable".
François Fillon a eu beau tenter d’arrondir les angles en déclarant, sur RTL, qu'il fallait "éviter toutes les remarques désagréables à propos des syndicats (...) nécessaires au fonctionnement de l'économie et du système social français", le mal est fait. Le patron de la CFDT y a vu aussitôt "une sorte de schizophrénie" à droite.
Marine Le Pen, Jeanne d’Arc et le vote ouvrier
L'autre possible raison du rassemblement de l'UMP, c'est la présence frontiste dans le centre de Paris, aujourd'hui. Sur Rue89, l’historienne Danielle Tartakowsky souligne que le candidat UMP "chasse les voix qui se sont portées sur Marine Le Pen et ne peut donc pas laisser les frontistes seuls dans les rues" ce jour-là. Car depuis 1988, le FN essaie d’imposer une drôle d’équation pour le 1er-Mai : célébrer à la fois le travail et Jeanne d’Arc.
Le parti d’extrême droite défilera de la place du palais Royal à la place de l’Opéra, à Paris, à partir de 9 heures. Et à midi, le président d’honneur du parti, Jean-Marie Le Pen, rendra hommage aux 600 ans de la pucelle d’Orléans, avant de laisser la parole à sa fille, qui a réalisé des scores élevés chez les ouvriers au premier tour de la présidentielle. C’est là que la candidate, forte de ses 17,9% des suffrages, devrait donner une consigne de vote. Probablement le vote blanc.
François Hollande en retrait
Le candidat PS, lui, sera à Nevers (Nièvre), pour commémorer l'anniversaire de la mort de l'ex-Premier ministre socialiste Pierre Bérégovoy, qui s'est suicidé il y a dix-neuf ans. Il ne sera pas "derrière les drapeaux rouges de la CGT, avec ceux qui divisent la France”, comme l’a affirmé Nicolas Sarkozy à plusieurs reprises. François Hollande aurait d'ailleurs donné l'ordre à ses troupes de ne pas surinvestir le 1er-Mai pour "ne pas le voler" aux syndicats, selon Les Echos.
Pour mieux se poser en "rassembleur" face à un Nicolas Sarkozy "qui veut diviser", François Hollande a adressé un courrier aux leaders des cinq confédérations représentatives. Dans le document, dévoilé lundi par Le Parisien, il réitère ses promesses d'en faire des acteurs majeurs du prochain quinquennat. "Nous devons passer de la convocation à la consultation, du monologue à la concertation, de l'écoute distance à la négociation : telle sera mon approche", écrit François Hollande.
Le défilé des syndicats, politique ou pas ?
Unef, CGT, CFDT, FSU, Solidaires et Unsa marcheront de la place Denfert-Rochereau à la place de la Bastille. Les syndicats ont promis qu'il n'y aurait pas de message politique sur les banderoles des défilés du 1er-Mai, mais la CGT a d’ores et déjà appelé à "battre Nicolas Sarkozy". En revanche, les dirigeants syndicaux ne se priveront pas de répondre sur leur légitimité à représenter les salariés, mise en cause selon eux par Nicolas Sarkozy.
Derrière eux, les politiques seront toutefois bien présents. Jean-Luc Mélenchon a promis à Nicolas Sarkozy "un jour de bras de fer". "Puisque Sarkozy a décidé de chercher la châtaigne avec les syndicats, et bien, il va nous trouver sur son chemin", a tonné le candidat du Front de gauche, qui a appelé ses 4 millions d'électeurs à être "tous dans la rue" aujourd'hui.
Malgré l'appel à la discrétion de François Hollande, "le Parti socialiste se joindra aux défilés et rassemblements des organisations syndicales du 1er-Mai", a écrit le PS lundi, dans un communiqué. Martine Aubry sera bien dans le cortège aux côtés des syndicats, avec notamment Harlem Désir et Jean-Paul Huchon.
La bataille des symboles fera donc rage. Pourtant, pour Danielle Tartakowsky, "une chose est de s’approprier la date, pour concurrencer l’adversaire, une autre est de réussir". Selon l’historienne, tenter de récupérer le 1er-Mai est "une construction artificielle vaine".
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