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Ségolène Royal : "On est dans un système corrompu"

Après Martine Aubry lundi, et avant les autres candidats à la primaire socialiste, Ségolène Royal est l'invitée spéciale de Libération samedi. Elle revient notamment sur les affaires qui secouent la majorité, DSK, la crise économique et le nucléaire.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La présidente de Poitou-Charentes, Ségolène Royal, au siège du parti socialiste à Paris, le 22 septembre 2011. (AFP - Joël Saget)

Après Martine Aubry lundi, et avant les autres candidats à la primaire socialiste, Ségolène Royal est l'invitée spéciale de Libération samedi. Elle revient notamment sur les affaires qui secouent la majorité, DSK, la crise économique et le nucléaire.

Les principaux extraits

Sur les affaires qui touchent l'Elysée

"On est dans un système corrompu. Certains demandent que la justice aille jusqu'au bout. mais on sait bien que la justice n'est plus indépendante aujourd'hui, qu'il y a des intrusions inadmissibles de l'exécutif dans son fonctionnement. Comment les rapports d'enquête, couverts par le secret de l'instruction, peuvent-ils parvenir jusqu'à l'Elysée ? C'est extravagant."

"Nicolas Sarkozy a besoin de continuer a être protégé par l'immunité présidentielle; On le voit avec toutes les affaires qui l'approchent de si près ! Il a été avocat de Servier, lui a donné la Légion d'honneur et les rapports du sénat ont été falsifiés par de sénateurs UMP. C'est quand même extrêmement grave. A propos de Karachi, il dit qu'il n'a pas été directeur de la campagne d'Edouard Balladur en 1995, mais il était ministre du Budget et porte-parole de la campagne. S'il n'était pas président de la république, il devrait être convoqué pour être auditionné par la justice. Le jour où il ne sera plus élu, il aura à répondre devant la justice".

"... je propose que tous les élus qui seront condamnées pour des fait relevant de peines privatives de liberté soient immédiatement démis de leurs fonctions et inéligible à vie On remettra ainsi un peu de morale publique dans le fonctionnement des institutions"

Sur DSK

"Je ne mélange pas les égarements individuels à la cause féministe". A la question : "Quand vous dites tourner la page cela veut dire que le ou la candidate socialiste n'aura pas besoin de DSK ?.Ségolène Royal répond : "Moi, non ! "

Sur la crise et la politique menée par le chef de l'Etat

"Nicolas Sarkozy devrait être capable de mettre ses amis banquiers au pas. Pourquoi est-ce que rien ne se fait ? Parce que la droite au pouvoir se dit que si la crise s'accentue, les Français auront peur et auront un réflexe conservateur et voteront pour les gens en place".

"Barack Obama a fait la réforme bancaire, même Londres est en train de faire la réforme bancaire ! Londres est en train de distinguer au sein des banques les activités spéculatives et les activités de dépôt. Et nous ? Il ne se passe rien. Dans les cinq banques nationales françaises, dont tous les dirigeants sont des amis du pouvoir, il ne se passe rien. c'est une volonté politique de ne rien bouger. Pendant ce temps-là, les banques françaises continuent à faire comme si de rien n'était".

"Aujourd'hui, l'Etat devrait rentrer dans le conseil d'administration des banques, c'est une question d'intérêt général. Ce ne sont pas les banques qui doivent commander, elles doivent obéir".

Sur le nucléaire

"On sort du nucléaire en une quarantaine d'années. Prévoir moins, je crois que cela n'est pas réalisable. Car n'oublions pas qu'il faut à la fois viser l'après-pétrole et l'après-nucléaire. Cela fait beaucoup. Là aussi, la responsabilité politique, c'est de fixer un cap crédible".

On ne réussira la mutation énergétique que si tous nos organismes de recherche, y compris le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, ndlr), y compris EDF, y compris tous les lobbys, se mettent dans des dynamiques positives. Ce n'est pas simple. Mais les Français sont saturés, fatigués, des annonces politiques qui ne sont pas suivies d'effets. Et à la différence des autres candidats, quand je dis quelque chose, je dis aussi comment je vais le faire".

"... j'arrête Flamanville. Peu de candidats l'ont dit aussi clairement, parce qu'il y a des enjeux électoraux dans le département de la Manche, des soutiens d'élus et de fédérations...Je crois que les deux autres candidats n'ont pas dit clairement leur position sur Flamanville pour des raisons électorales. il se pose derrière, un problème de menaces sur l'emploi. Mais il existe des solutions intelligentes qui permettent de prendre des décisions politiques courageuses. Il faut donc maintenant être clair et net. Je crois être la candidate la plus claire et nette sur ce sujet."

Sur l'entre deux tours en 2007 et le rôle de François Bayrou

"Chaque fois que j'entends François Bayrou se plaindre de Sarkozy, je me dis qu'il avait une solution très simple pour le battre, qui était de s'allier à la candidate socialiste : on se mettait ensemble et on le battait. François Bayrou a une sacré responsabilité devant l'histoire. On a subi cinq ans de Sarkozy parce qu'il s'imaginait que ce n'était pas assez bien pour lui... ou je ne sais quoi... ou qu'il allait être candidat le coup d'après, qu'il pouvait être président et pas seulement chef de gouvernement... Ce qu'il a fait à ce moment-là est totalement irresponsable. En 2012, on verra, dans le respect du verdict des urnes, comment tous ceux qui ne veulent pas de la droite se rassemblent."

Sur le cumul des mandats

"... voilà deux ans que nous avons eu ce discours, à La Rochelle, sur le non-cumul des mandats, applaudi debout par les militants. Mais il ne s'est rien passé. Lors de l'élection régionale qui a suivi, les présidents de région ont pu continuer allègrement à cumuler... Et Arnaud Montebourg, le chantre de la modernisation et de la rénovation du parti, il a juré ses grands dieux sur le non-cumul des mandats. Or il cumule les mandats. Cela suffit ! Evidemment, à un moment, cela profite au Front national."

Sur les banlieues et l'échec scolaire

"Une mesure courageuse pour les banlieues, ce serait de donner l'opportunité à tous les enfants dans les écoles de pouvoir accéder à des internats scolaires de proximité qui ne disqualifient pas les parents et qui donnent à tous les enfants un encadrement éducatif dès le plus jeune âge. C'est la bataille pour la réussite scolaire".

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