Sarkozy tance les ministres qui étalent leurs ambitions
Depuis quelques semaines, certains membres du gouvernement Fillon ne font plus mystère de leurs ambitions à l’approche d’un remaniement ministériel que la rumeur annonce au lendemain des élections européennes. Le scrutin du 7 juin prochain verra en effet Rachida Dati quitter la Chancellerie, et Michel Barnier l’Agriculture, pour se présenter aux Européennes. Dans le même temps, une demi-douzaine de secrétariats d’Etat pourraient changer de locataire.
Ce matin, le président Sarkozy a demandé à ses ministres "du sang-froid, du calme, de la maîtrise", considérant que l’étalage des "états d’âme dans la presse ces derniers jours" apparaissait "comme ridicule et décalé aux yeux des Français" qui souffrent, a rapporté Luc Chatel dans son compte-rendu du conseil.
Le porte-parole du gouvernement a eu beau préciser que ce "message" ne "ciblait" aucun ministre en particulier, les intéressés n’auront eu aucun mal à se reconnaître. Car jamais sous la Ve République, l’on n’avait vu autant de ministres ou de ministrables confier si ouvertement leurs souhaits ou leurs ambitions. Une vraie chasse au maroquin !
Et le retour de quelques poids-lourds ?
Pêle-mêle, Hubert Falco, chargé de l’Aménagement du territoire, apprécierait de voir son secrétariat d’Etat transformé en ministère de plein exercice, alors que certains échos dans la presse faisaient également état de ses visées sur l’Agriculture. Une ambition que partage son collègue chargé des Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi. Ou encore la ministre du Logement Christine Boutin, dont le cœur balance entre l’Agriculture et la Justice.
Quant à Nadine Morano, se sentant sans doute un peu à l’étroit au secrétariat d’Etat à la Famille, elle se verrait bien à la tête d’un ministère régalien : l’Intérieur, la Défense ou un ministère de l’Education élargi à la Famille. La secrétaire d’Etat a même fait passer un mémo au président Sarkozy pour argumenter autour de son projet de "super-ministère", et demander audience au locataire du Château.
Et puis il y a, en dehors des ministres en exercice, quelques appels du pied fort peu discrets, de poids-lourds de la droite. Comme Philippe Séguin qui, dans les colonnes de L’Express à paraître demain, se dit "candidat à rien", tout en affirmant ne chercher "qu’à être utile". Même refrain chez Alain Juppé, qui ronge son frein depuis son éviction, pour cause de défaite électorale en juin 2007, du grand ministère de l’Ecologie après… un mois. "Si mon expérience peut servir…", lançait-il samedi dans les colonnes du Parisien/Aujourd’hui en France.
Assise sur sa cote de popularité (lire notre article ci-dessous), la prudente Rama Yade est l’une des seules à affirmer publiquement vouloir garder son poste aux Droits de l’homme. Sachant pertinemment que ce n'est pas en demandant que l'on obtient. Qu’in fine, c’est au chef de l’Etat que revient le privilège de faire le casting. Et qu’à fortiori, ce président-là aime par-dessus tout surprendre son monde.
Gilles Halais, avec agences
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