Sarkozy et Merkel défendent une "Europe forte"
Les dirigeants ont publié dimanche un texte commun dans lequel ils disent aspirer à "une Europe forte qui nous protège"Les dirigeants ont publié dimanche un texte commun dans lequel ils disent aspirer à "une Europe forte qui nous protège"
La chancelière allemande et le président français, qui réclament "une véritable régulation européenne" face à la crise, appellent "tous les Européens à voter" le 7 juin.
Rendu public samedi, ce document est paru en France dans le "Journal du Dimanche" et en Allemagne dans le "Welt am Sonntag". L'opposition a dénoncé dimanche un "tract UMP-CDU".
Dans leur document commun, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel argumentent: "Il n'y a pas de meilleur moyen de soutenir l'objectif d'une Union plus forte dans un monde plus sûr (...) si l'Europe le veut, l'Europe le peut", écrivent-ils, paraphrasant le slogan de campagne de l'UMP. Cette "Europe forte ne signifie pas nécessairement toujours plus de compétences pour l'Union européenne, toujours plus de législation européenne ou toujours plus de moyens financiers", poursuivent les dirigeants auteurs de cette initiative commune. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy souhaitent "une Union européenne qui soit à l'écoute des citoyens, qui innove, qui dynamise", une UE "ferme et unie dans le monde tout en respectant la diversité de ses États membres".
Finances: pour une "véritable régulation européenne"
"Nous appelons l'Union européenne à prendre dès le mois de juin les premières décisions pour assurer une véritable régulation européenne dans le secteur financier, fondée sur la coordination et la coopération des régulateurs", écrivent le président français et la chancelière allemande dans "Le Journal du Dimanche" et "Welt am Sonntag", de chaque côté du Rhin. "Sur les fonds spéculatifs, les paradis fiscaux, la rémunération des dirigeants et des opérateurs financiers, nous voulons une Europe exemplaire (...) Il faut établir un espace financier performant pour nos entreprises et sûr pour nos épargnants".
"Nous n'accepterons pas que, durant cette crise financière, les exigences en capitaux et les normes comptables réduisent de manière injustifiée la capacité des banques européennes à prêter de l'argent", soulignent-ils. "Nous appelons donc à la modification des règles comptables, qui sont si importantes pour la reprise de notre économie."
La dette, la Turquie, l'Irlande
Observant que "la dette publique actuelle est un fardeau trop lourd pour être laissé aux générations futures", les deux dirigeants affirment par ailleurs que "nous devons retrouver la voie de finances publiques soutenables dès que nous aurons franchi le cap décisif dans cette crise". Ils défendent au passage le Traité de Lisbonne: "L'Europe doit jouer un rôle de premier plan dans le monde. Pour cela, elle doit être dotée d'institutions efficaces. C'est pourquoi nous avons besoin du Traité de Lisbonne." Evoquant le nouveau référendum que doit organiser l'Irlande, après le retentissant "non" de juin 2008, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se redisent prêts à "travailler à l'adoption d'un accord politique sur des garanties pour l'Irlande pour le Conseil européen de juin", affirmant faire "confiance aux Irlandais pour faire le choix de l'Europe".
Par ailleurs, ils réaffirment implicitement leur opposition à une entrée de la Turquie dans l'UE, sans toutefois citer son nom, assurant que "pour pouvoir agir, l'UE a besoin de frontières. Un élargissement illimité n'est pas possible".
Cohn-Bendit: Sarkozy et Merkel "se moquent" des électeurs
Le chef de file des listes Europe Ecologie a estimé dimanche que l'appel commun des deux dirigeants, "c'est la langue de bois plus la langue de vipère. C'est vraiment un peu se moquer des gens". Lors de l'émission La Tribune-BFM TV-Dailymotion, Daniel Cohn-Bendit a ironisé sur leur initiative: "C'est un texte de l'UMP et de la CDU (...) Je dis qu'ils sont gonflés (...) Par exemple, face à la crise sociale et écologique, aussi bien Merkel que Sarkozy ont fait pour l'automobile une prime à la casse. La prime à la casse sans conditionnalité écologique, c'est continuer à envoyer des voitures qui polluent, donc qui accentuent la dégradation climatique", a-t-il expliqué.Hollande fustige un "tract UMP-CDU"
L'ancien numéro 1 socialiste a qualifié dimanche de "tract UMP-CDU à la veille des élections" le texte publié dimanche par la chancelière allemande et le président français. "Ce n'est pas un texte franco-allemand des deux responsables des pays concernés, c'est un tract UMP-CDU à la veille des élections européennes, il faut ramener ce texte à ce qu'il est. Ce n'est pas un engagement de deux Etats dans une négociation européenne à venir, c'est un tract qui rappelle les slogans de chacune des formations politiques concernées", a fustigé François Hollande au "Grand rendez-vous" Europe1-Le Parisien.
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