Sarkozy An III : les illusions perdues
" L’heure n’est pas au bilan " dit l’Elysée sur son site internet.
Mais un dossier intitulé "trois ans d’action", et développé autour de 4 axes comme "sortir la France de la crise", y est publié.
"Il reste encore près de deux ans de travail au gouvernement et à la majorité pour tenir tous les engagements pris en 2007", dit le texte qui l’accompagne. En clair, il faut laisser le président Sarkozy faire son travail.
C'est maintenant qu'il faut opérer un changement de cap, estime au contraire l'opposition, à l'instar du député socialiste Henri Emmanuelli, et pas seulement un changement de communication: "Au bout de trois ans on a une croissance molle, un moral dans les chaussettes et le bouclier fiscal qui se porte toujours bien donc je comprends qu'il ait envie de changer de style, parce que je pense que son bilan ne rencontre pas beaucoup l'assentiment des Français. Alors je ne doute pas qu'il soit à la recherche de quelques échappatoires."
Trois ans après l'élection de Nicolas Sarkozy, la déception des Français est à la hauteur des promesses faites par l’avocat du "travailler plus, pour gagner plus" pendant sa campagne. " On va avoir une croissance durablement bloquée à 1%, un endettement public autour de 100% du PIB en 2012 et un chômage revenu à 10% ", calcule l’économiste Nicolas Baverez.
_ Et même si la France a mieux résisté que d’autres pays, pour les Français " c’est la grande déception " analyse le sociologue Alain Touraine, car "ils se sont aperçu que tout ce dont parlait le gouvernement était vague et confus et que le gouvernement n’avait pas prise sur l’impact de la crise." Echec électoral de la majorité aux dernières élections régionales dans un contexte économique et social difficile, baisse dans les sondages. Le directeur de l’institut BVA opinion, Jérôme Sainte-Marie n’hésite pas à parler de " crise du sarkozysme ".
_ Pour Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée, "son plus gros ratage, c'est d'avoir fait croire qu'il allait sauver le modèle social français et d'avoir fait exactement l'inverse. Ce qui reste, c'est que les amis du Fouquet's sont restés les amis du Fouquet's." Tandis que pour le président du Modem François Bayrou "l’école, les banlieues, l’intégration, l’emploi, la présence de la France dans des secteurs entiers de production, l’agriculture… Tout cela n’a pas été amélioré et c’est le moins qu’on puisse dire, dans les trois ans que nous venons de vivre".
Pour la première fois, l'hypothèse d'une défaite de Nicolas Sarkozy en 2012 est envisagée y compris dans son propre camp, chose impossible en 2007 quand il était élu le 6 mai avec 53% des suffrages et une côte d'amour jamais égalée.
Alors officiellement, l’Elysée n'a rien prévu pour ce troisième anniversaire morose : aucun évènement particulier n'est inscrit dans l'agenda du président Sarkozy. Nadine Morano, la secrétaire d’Etat à la famille, a tout de même décidé de célébrer l’évènement en grande pompe dans sa ville de Toul.
Pour ne pas être en reste, Xavier Bertrand, le secrétaire général de l’UMP a demandé lui aux responsables des fédérations UMP de faire un geste avec une manifestation de leur choix. Mais, pour la plupart, les membres du gouvernement feront profil bas.
Le premier d'entre eux, François Fillon, a défendu hier soir sur TF1 le bilan de ces trois premières années du quinquennat : "la France est en Europe le pays qui a fait le plus d'efforts de modernisation, et qui a les meilleurs résultats. Les Français doivent en savoir gré au Président de la République", a dit le Premier ministre.
_ Christophe Alévêque viendra quant à lui, comme les années précédentes, à l’occasion de ce troisième anniversaire, organiser "un rassemblement de résistance ludique" devant le restaurant du Fouquet’s aux Champs-Elysées. Le comique et sa bande de joyeux drilles entonneront "Milles colombes, l’hymne de la droite décomplexée que Mireille Mathieu a interprété sur la place de la Concorde le 6 mai 2007" et des morceaux de Carla Bruni-Sarkozy. Il est recommandé aux participants de chanter faux.
Sandrine Etoa-Andegue avec agences
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