Cet article date de plus de treize ans.

Roms : front élargi contre la politique sécuritaire de Sarkozy

La politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy suscite une réprobation de plus en plus large en France. _ Une partie de la droite et de l'Eglise catholique font désormais cause commune avec l'opposition de gauche. _ Le mot "honte" revient en boucle dans les réactions au démantèlement des camps de Roms, qui sont ensuite renvoyés dans leur pays, et au projet de déchéance de la nationalité de certains délinquants annoncés par le président fin juillet.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Radio France © France Info)

Le président français est violemment attaqué sur sa politique sécuritaire, notamment par Dominique De Villepin.
L'ancien Premier ministre UMP vilipende Sarkozy.
Il a trempé sa plume dans le vitriol dans “Le Monde” daté de mardi, où il franchit un pas supplémentaire vers sa candidature à la présidence en 2012 pour marquer la rentrée politique.
“Il y a aujourd'hui sur notre drapeau une tache de honte ”,estime Dominique de Villepin, utilisant exactement les mêmes termes que nombre de dirigeants socialistes ou écologistes qui se sont exprimés sur le sujet pendant le week-end.
“Il y a aujourd'hui un devoir à remplir pour tous les républicains de France, face à l'hydre qu'un président et ses courtisans voudraient réveiller au fond de chacun de nous, face à la tache qui menace de flétrir l'idée même que nous nous
faisons de la France. Un devoir de refus. Un devoir de rassemblement (...) pour préparer l'alternative républicaine qui s'impose”, insiste-t-il.

Rome s'inquiète des Roms

_ L'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati, demande, dans la même édition du Monde, que l'on “cesse de stigmatiser tous ces Français issus de la diversité”, et le syndicat Force ouvrière, parle de “dérive” du gouvernement et appelle ses partisans à participer aux manifestations de la Ligue des droits de l'Homme, sont intervenus dans le même sens.
Ces critiques, relayées ce mois-ci par une commission des Nations unies qui notait une "recrudescence notable du racisme et de la xénophobie en France", illustrent le malaise d'une partie de la droite face aux initiatives de Nicolas Sarkozy et
de son ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.

Elles trouvent un puissant écho au sein de l'Eglise catholique, dont les ouailles sont une des bases de l'électorat de droite, et qui a réagi avec indignation aux multiples démantèlements de camps de Roms ces dernières semaines.
“Les discours sécuritaires qui peuvent laisser entendre qu'il y a des populations inférieures sont inacceptables”, a dit hier l'archevêque d'Aix et d'Arles, Mgr Christophe Dufour, tandis qu'à Lille, Mgr Laurent Ulrich estimait que la situation des Roms “provoque la conscience de nombreux chrétiens”.
L'ex-ministre du Logement Christine Boutin, dont le Parti chrétien-démocrate est membre de la majorité présidentielle, a évoque une “fêlure” dans sa relation avec l'UMP et exhorté Nicolas Sarkozy “à prendre ses responsabilités ”.
Le pape Benoît XVI s'est lui-même mêlé au débat en s'adressant aux pélerins français, qu'il a appelés hier à “savoir accueillir les légitimes diversités humaines”.
Brice Hortefeux s'est dit prêt à rencontrer le cardinal André Vingt-Trois pour discuter de sa politique, même s'il estime qu'il agit en pleine conformité avec la loi. Selon lui, 88 camps de Roms ont été démantelés en trois semaines.

Manipulation électorale ?

_ A gauche, mais aussi au centre et à droite, des voix s'élèvent pour dénoncer la stratégie du président français, qui calquerait son discours sur celui du Front national pour élargir sa base électorale dans la perspective de 2012.
“Nicolas Sarkozy prend le risque de replacer le FN au cœur de la vie politique à deux ans de la présidentielle, sans connaître les conséquences de cette manipulation électorale”, a déclaré le socialiste Manuel Valls hier dans Le Journal du Dimanche.

_ L'offensive sécuritaire de Nicolas Sarkozy, qui a déjà fort à faire pour relancer l'économie tout en réduisant des déficits publics record, risque d'ailleurs de se retourner contre lui.
Selon un sondage Viavoice pour Libération publié aujourd’hui, 55% des Français souhaitent que la gauche gagne la prochaine élection présidentielle et 50% d'entre eux pensent qu'elle l'emporterait si le scrutin avait lieu aujourd'hui.

Mikaël Roparz, avec agences

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.