: Vidéo Elections régionales : "Marine Le Pen n'arrive pas, pour l'instant en tout cas, à tranquilliser les gens", pointe Robert Ménard
Pour Robert Ménard, maire de Béziers et proche du parti de Marine Le Pen, le Rassemblement national "continue à faire peur". "Il y a un problème de ligne", estime-t-il.
"Il y a un certain nombre de candidats du Rassemblement national qui ne vous donnent pas envie" de voter pour eux, a estimé lundi 28 juin sur franceinfo Robert Ménard, maire de Béziers, proche du parti de Marine Le Pen. Le RN n'a pas réussi a conquérir des régions.
À un an de l'élection présidentielle, Marine Le Pen doit remobiliser son électorat alors que Xavier Bertrand, fort de sa victoire dans les Hauts-de-France, et candidat pour 2022, se positionne de plus en plus comme une alternative à Emmanuel Macron. Pour Robert Ménard, le problème de présidente du RN c'est qu'elle "n'arrive pas à tranquilliser les gens".
franceinfo : Est-ce un échec pour le Rassemblement national ?
Robert Ménard : Le Rassemblement national, y compris dans ma propre région, connaît un vrai échec, une vraie défaite. Il faut dire les choses par leur nom. Et en Paca, c'est une défaite, même plus importante qu'au lendemain du premier tour parce il y avait encore des espoirs qu'il y a eu nulle part en France. Les résultats sont mauvais. Plutôt que de mettre en cause le front républicain, il faut se demander pourquoi le front républicain fonctionne. Comment se fait-il qu'un certain nombre d'électeurs votent pour moi dans ma ville et votent pour les candidats que je soutiens, mais quand ce sont des candidats du Rassemblement national, ils ne votent plus pour eux ?
Quelle est votre réponse ?
Je crois qu'il y a un problème d'abord d'incarnation. Il y a un certain nombre de candidats du Rassemblement national qui ne vous donne pas envie. Je suis très ami avec Jean-Paul Garraud, qui a fait un très mauvais score en Occitanie. Je pense qu'il y a des gens qui ont de vraies qualités, mais pas celle d'être chef, d'être capable d'incarner quelque chose. Ce n'est pas leur faire reproche de ce qu'ils sont, c'est constater que tout le monde n'est pas capable de parler à la fois aux classes populaires, pas seulement la droite, et aussi à la droite conservatrice. C'est cette alchimie qu'il faut faire pour gagner.
Un problème de candidats donc, mais un problème de ligne aussi ?
Les deux. J'avais le sentiment que sur les deux derniers mois, Marie Le Pen avait un peu plus compris cela. Elle se détachait un peu de son appareil, de ses copains de 20 ans et qu'elle écoutait un peu plus le reste de la droite. Bref, qu'elle était plus sensible. Oui, il y un problème de ligne. Je suis pour la normalisation. Qu'est-ce que cela veut dire ? Pour prendre un exemple concret, je pense que sur la retraite, sur les terrains économiques, il faut arrêter de dire des bêtises. Il faut arrêter de répéter ce que dit La France insoumise. C'est stupide. Mais en même temps, il ne faut pas d'alignement. Réussir la normalisation sans alignement, réussir à être à la fois radical dans un certain nombre de mesures et réalistes.
Marine Le Pen est toujours votre candidate naturelle pour l'élection présidentielle ?
Oui, bien sûr. Aujourd'hui, oui, je voterai pour Marine Le Pen. Qui peut incarner cette droite de la droite ? Personne d'autre qu'elle. J'ai un peu de mémoire, Xavier Bertrand pour qui j'ai du respect par ailleurs, et qui est un très bon président de région, a été ministre, ce garçon. Il a été ministre avec Sarkozy. Est-ce qu'ils ont fait ce qu'ils avaient promis de faire ? Non ! C'est cela le problème. Le problème, c'est qu'on a d'un côté une droite classique, à laquelle tout un tas de gens ne font plus confiance. Et de l'autre côté, un Rassemblement national qui continue à faire peur. Autour de moi un certain nombre de gens continuent de dire, si Marine Le Pen gagne les élections, cela va être la guerre civile. Bien sûr que non. Bien sûr que ce n'est pas vrai. Bien sûr que l'appareil d'État se rangera derrière ceux qui ont gagné les élections. Mais il y a une peur. Marine Le Pen n'arrive pas, pour l'instant en tout cas, à tranquilliser les gens. Et c'est le pari qu'elle doit remplir. Pour moi, elle n'a pas gagné. Elle a même perdu, au vu de ce qui s'est passé hier.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.