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Régionales 2015 : le rêve de la droite d’une vague bleue échoue au 1er tour

Le FN est arrivé en tête du premier tour des élections régionales avec 27,7% des suffrages, devant Les Républicains qui arrivent en deuxième position avec 27,5% des voix et le PS avec 23,5 %, selon Ipsos-Sopra Steria. Le FN arrive en tête dans six régions, contre quatre pour la droite. Le patron des Républicains Nicolas Sarkozy a prévenu, il ne souhaite "ni retrait ni fusion" au second tour.
Article rédigé par franceinfo
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  (Nicolas Sarkozy a prévenu dès dimanche soir qu'il ne souhaitait "ni retrait ni fusion" au second tour  © Maxppp)

Alors que le Front national est arrivé dimanche en tête dans six des 13 régions françaises à l’issue du premier tour des élections régionales, à droite, l’alliance entre les centristes et le parti Les Républicains est en première position dans quatre régions.

En Rhône-Alpes-Auvergne, la liste emmenée par Laurent Wauquiez est nettement en tête à 32,1%, devant le FN à 24,8% et le PS à 24,2%, selon les estimations Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France. En Pays de la Loire, la liste de la droite et du centre conduite par Bruno Retailleau affiche aussi une confortable avance avec 33,4% des suffrages devant celle du PS qui précède la liste FN.

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En Normandie, l'avance de la droite emmenée par l'ancien ministre centriste Hervé Morin est en revanche moins importante, à 28,8% des suffrages devant le FN de Nicolas Bay à 27,2% et le PS à 23,3%, selon les estimations Ipsos-Sopra Steria.

Enfin en Ile-de France, qui est aux mains de la gauche depuis 17 ans, Valérie Pécresse recueille plus de 30% des voix contre 25% pour le socialiste Claude Bartolone et 18% pour le frontiste Wallerand de Saint-Just. La victoire pour Valérie Pécresse au second tour est loin d'être acquise pour autant car une fusion des listes de gauche pourrait la mettre en difficulté.

 

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Distancé par le FN dans le Nord-Pas-de-Calais et en PACA

Pas de quoi fanfaronner pour autant. La droite a vu s'envoler son rêve de vague bleue dimanche soir au profit du Front national qui est en tête dans six régions. Les Républicains ont subi dimanche de sérieux revers. Dans le Nord-Pas-de-Calais, Xavier Bertrand, candidat de la droite et du centre, obtient 25,2% des suffrages, loin derrière la présidente du Front national Marine Le Pen qui obtient entre 40,5% des suffrages. Le candidat PS Pierre de Saintignon arrive à la troisième place avec entre 18%.

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Même claque en PACA où Marion Maréchal-Le Pen dépasserait également la barre des 40% avec, selon Ipsos-Sopra Steria, 40,3%, loin devant le maire de Nice Christian Estrosi 26,7% et le socialiste Christophe Castaner (16,4%). Mais dans cette région comme en Nord-Pas de Calais-Picardie, le Ps a annoncé le retrait ses listes redonnant un espoir à droite.

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Quant au frontiste Florian Philippot, il est donné en tête avec plus de 35% des voix pour sa liste en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, près de dix points devant Philippe Richert (LR-UDI-Modem) avec 26% et le PS très loin à 16,7%, selon Ipsos.

"Ce soir il y a un coup de colère qui s’exprime, fortement" (Luc Chatel, LR)

Pour Eric Woerth, député de l'Oise Les Républicains et délégué général au projet des Républicains, "tout le monde est responsable de cette colère qui monte un peu partout. Cette expression très forte de cette colère s’exprimait déjà par le biais du Front national. C’est un alignement des désastres  : chômage de masse, crise migratoire, vague de terrorisme. Cela crée une angoisse chez les Français. Depuis que François Hollande est élu la progression du Front national est tout à fait considérable. Nous devons être à la hauteur de la situation ", a-t-il réagi sur France Info.

"Tout le monde est responsable de cette colère qui monte un peu partout", rappelle Eric Woerth, député de l'Oise, Les Républicains

"Ce soir il y a un coup de colère qui s’exprime, fortement. C’est d’abord un coup de colère vis-à-vis du gouvernement. Nous avons une semaine pour convaincre, pour mobiliser. Nous avons déjà vu des situations se corriger fortement entre deux tours. Les Français ont besoin de clarté ", a renchéri l'ancien ministre Luc Chatel, conseiller politique de Nicolas Sarkozy.

"Ce soir, il y a un coup de colère qui s’exprime fortement", estime Luc Chatel

Pour Sarkozy, ni retrait, ni fusion

Nicolas Sarkozy a pris la parole dès 20h20 au siège du parti Les Républicains, rue de Vaugirard, avant Marine Le Pen, avant Jean-Christophe Cambadelis, le patron du PS. Et le patron des Républicains a lancé son offensive anti FN d’entre deux tours. Il a dit comprendre l’exaspération des Français, mais des Français qui n’obtiendront selon lui aucune réponse du Front national, prévient-il.

Nicolas Sarkozy s’est voulu très clair. Il ne veut ni retrait, ni fusion. Rien de nouveau puisqu'il l’avait déjà dit cette semaine. Pas question donc de se désister en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées par exemple où le candidat Les Républicains est troisième. Dominique Reynié qui a d'ores et déjà annoncé dimanche soir qu'il ne se retirerait pas au second tour. "Ceux qui ont tout raté comptent sur ceux qui veulent tout casser pour être réélus. Voter dimanche prochain pour le FN assurerait la réélection des socialistes que les électeurs ont voulu sanctionner. La liste que je conduis est la seule façon de réaliser une alternance constructive. Ce soir, une nouvelle élection commence ", a-t-il dit dans un communiqué.

 

Quant à la fusion, c’est la confusion martèlent les dirigeants du parti, y compris Nathalie Kosciusko-Morizet, favorable jusque-là comme Alain Juppé au front républicain. Le débat semble enterré pour l’instant. Rien à voir avec les cantonales de 2011 quand le parti se déchirait sur le "ni ni", ni PS, ni FN. La ligne fixée par Nicolas Sarkozy dimanche soir semble suivie pour l’instant mais elle doit être encore formellement validée lundi lors d’un bureau politique. Une réunion est prévue à 11heures. Alain Juppé, qui a gardé le silence sur son idée de la stratégie d'entre deux tour, devrait alors s'exprimer sur la question.

Des dissonances entre alliés sur la stratégie au second tour

Mais c’est de son principal allié, l’UDI, que vient la controverse dimanche soir. Jean-Christophe Lagarde, le président du parti centriste, souhaite lui le retrait des listes arrivées en troisième position dans les régions "où le FN peut gagner". "Partout où le Front national peut gagner, nous souhaitons le retrait des listes qui arrivent en 3e position, quelles que soient les listes ", a déclaré Jean-Christophe Lagarde, appelant "tous ceux qui arrivent troisième " à avoir "le bon sens démocratique et républicain de se retirer ", expliquant qu'il souhaitait "le changement " mais "si ce changement se fait au profit de l'extrême droite, c'est un changement au pire, et moi je ne veux pas de changement au pire ", a-t-il ajouté.

Le président du MoDem, François Bayrou, a appelé lui aussi "au retrait pur et simple " de toute liste arrivée en 3ème position au premier tour des élections régionales. Une position partagée par la vice-présidente du MoDem, Marielle de Sarnez. "Je ne me résigne pas à voir cette montée du Front national. C’est quelque chose qui est lourd. Au MoDem on ne se pose pas de questions. Nous considérons que le retrait est quelque chose de logique. Essayons de garder le calme qu’il faut. Il va y avoir 24h où les uns et les autres vont aller au bout de leurs idées. Notre position est invariable et connue de tous. Ce qui m’intéresserait c’est que la classe politique dans son ensemble cherche et trouve des réponses appropriées au-delà des élections régionales ", a-t-elle déclarée sur France Info.

 

Marielle de Sarnez, député Euro Modem ne se "résigne pas à voir cette montée du Front national".
 

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