Jean-Claude Trichet : "la France est un mauvais élève"
Jean-Claude Trichet était l'invité de Questions politiques sur franceinfo dimanche 2 octobre. Interrogé sur le chômage en France, la fermeture du site Alstom de Belfort, ainsi que le pacte de stabilité, il a estimé que la France était "un mauvais élève".
Dimanche 2 octobre, l'ancien président de la Banque centrale européenne et ancien gouverneur de la Banque de France Jean-Claude Trichet était l'invité de l'émission Questions politiques, avec Le Monde et France Inter.
L'État peut sauver le site Alstom de Belfort
Interrogé sur le possible arrêt de la production de locomotives sur le site Alstom de Belfort, Jean-Claude Trichet a répondu : "l'intervention de l'État peut être nécessaire dans des moments difficiles, simplement, elle doit être faite à bon escient".
#QuestionsPol Doit-on aller vers un patriotisme économique pour sauver #Alstom à Belfort, demande @manuruf pic.twitter.com/tYDhFn7NzB
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Selon lui, l'État peut voler au secours du site Alstom de Belfort pour empêcher l'arrêt de la production, "si l'intérêt pour l'ensemble de notre collectivité est supérieur aux inconvénients".
Mais pour Jean-Claude Trichet, "le problème est essentiellement un problème d'aménagement du territoire. Il est possible que l'État français décide de faire un geste en terme d'aménagement du territoire".
Chômage : "une mauvaise gestion française"
Également interrogé sur le chômage en France, Jean-Claude Trichet a estimé que "l'accumulation du chômage français est due à la mauvaise gestion française". Une déclaration qui fait écho à l'augmentation récente du chômage, de 1,4% en août en France.
"Regardez ce qu'a fait l'Allemagne, où le chômage n'existe plus. Les Allemands sont au plein emploi", a expliqué Jean-Claude Trichet. "Le mal absolu, c'est le chômage de masse. Nous devons tout faire pour sortir du piège".
Pour l'ancien président de la Banque centrale européenne, "il faut revenir à la Loi Travail dans la première version, qui allait dans le bon sens", et il faut "y ajouter la dégressivité des indemnisations chômage".
Le Brexit n'est "pas une perturbation majeure"
La Première ministre britannique Theresa May a annoncé dimanche 2 octobre qu'elle activera avant fin mars 2017 l'article 50 du Traité de Lisbonne, pour commencer les négociations sur le Brexit, la sortie du pays de l'Union européenne.
Le début des négociations dans les prochains mois "est plutôt une bonne nouvelle", a estimé Jean-Claude Trichet ce dimanche sur franceinfo et France Inter. "Le problème c'est l'incertitude, l'ennemi de toute décision économique. Sortir le plus rapidement de l'incertitude, c'est une bonne chose", a ajouté Jean-Claude Trichet.
#QuestionsPol Le #Brexit est "grave" mais "ce n'est pas une perturbation majeure pour la zone euro" estime Jean-Claude Trichet pic.twitter.com/MfFs71pZWS
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Concernant le Brexit, il a déclaré que "la décision a été prise par le Royaume-Uni en toute connaissance de cause. Les inconvénients du Brexit ont été énoncés par ceux qui étaient pour rester". Il a assuré qu'il "ne s'agit en aucune manière de punir la Grande-Bretagne, mais pour la Grande Bretagne de tirer les conclusions de la décision extrêmement grave qu'elle a prise". Avant de conclure : "l'intérêt de tous est évidemment d'avoir un bon accord".
Pacte de stabilité : la France "mauvais élève"
Quant au pacte de stabilité, "la France est un mauvais élève", selon Jean-Claude Trichet, "qui a du repousser à deux reprises sa trajectoire pour passer en dessous des 3% de déficit du PIB".
"Des pays qui n'ont pas suivi le pacte de stabilité et de croissance se sont retrouvés dans une situation tragique, où il faut changer la politique à 180 degrés", a-t-il ajouté. "Pour se retrouver dans cette situation, ce n'est pas difficile, il suffit de très mal gérer pendant des années et des années. La France n'est pas le plus mauvais élève en Europe, mais la sagesse budgétaire fait partie de la bonne gestion", selon l'ancien président de la Banque centrale européenne.
Prenant l'exemple de la Grèce, Jean-Claude Trichet estime que "le gouvernement grec a compris qu'il n'y avait pas d'autre solution que celle qui consiste à ajuster lorsqu'on est dans une période très difficile". Pour lui, "la France ne s'est pas retrouvée dans la même situation. En revanche, elle a accumulé du chômage."
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