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ISF : "Il serait déraisonnable d’imaginer interdire aux Français de s’exprimer" assure Édouard Philippe

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Article rédigé par Public Sénat
France Télévisions

Jeudi 17 janvier, lors des premières questions au gouvernement de l’année 2019 au Sénat, le Premier ministre a été interpellé par le président du groupe socialiste, Patrick Kanner, au sujet du grand débat national, lancé en début de semaine par Emmanuel Macron. Quant à la sénatrice communiste Esther Benbassa, elle s’est inquiétée des violences policières, que réfute le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur.

Le grand débat national est lancé depuis deux jours. Et beaucoup d’interrogations demeurent sur la méthode, l’organisation, son étendue ou encore son épilogue. Le président du groupe socialiste au Sénat a interrogé le chef du gouvernement lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat, ce jeudi.

Premier sujet d’interrogation : le cadre du débat. “Il est une proposition dont nous ne savons plus si nous aurons le droit de la formuler. Je veux bien sûr parler du rétablissement de l’ISF”, s’est interrogé Patrick Kanner. “Le président de la République a soufflé le chaud et le froid sur ce point. Qui devons-nous croire ? Le président de la lettre aux Français qui exclut toute remise en cause de sa ligne économique et sociale ou le président du débat en Normandie qui ouvre le droit de parler de l’ISF ?”

Plus largement, le sénateur du Nord, qui redoute que la séquence ne se transforme en “exercice de communication sans suite”, se demande comment la "parole des Français" sera prise en compte au cours des deux prochains mois.

Dans sa réponse, Édouard Philippe a rappelé que le cadre du débat avait été fixé par le président de la République dans sa lettre aux Français. En énumérant 35 questions, il ne s’agit pas d’empêcher les Français de prendre la parole sur d’autres sujets, selon le Premier ministre. Et d'ajouter : "Il serait déraisonnable d’imaginer interdire aux Français de s’exprimer."

Mais ces opinions risquent de ne pas être retenues. “Nous tiendrons compte des éléments qui sont formulés à l’intérieur du cadre qui a été proposé par le président de la République”, a mis au point Édouard Philippe, avant de rappeler que le programme économique avait été tranché en 2017. “La légitimité qui découle de l’élection doit aussi être respectée”, a-t-il insisté.

Pour le reste, la forme de la “réponse” aux doléances citoyennes reste encore nébuleuse. “Les Français vont nous donner un certain nombre d’indications. Il appartiendra ensuite au gouvernement, au Parlement, à l’ensemble de ceux qui concourent à l’ensemble du débat public, d’en faire leur miel, de s’en inspirer dans la réponse aux questions profondes et anciennes qui taraudent notre société”, s’est contenté de répondre le chef du gouvernement.

"La violence est l'unique réponse de l'exécutif" déplore la sénatrice communiste Esther Benbassa

Autre inquiétude formulée sur les bancs de l’hémicycle, celle d’Esther Benbassa, à propos des violences policières. “Mutilés, éborgnés, défigurés, subissant quotidiennement la violence symbolique et sociale imposée par la politique gouvernementale, c’est désormais dans leur chair que sont frappés certains Gilets jaunes” s’est offusquée la sénatrice communiste. Selon elle, la violence est “l’unique réponse de l’exécutif” et celle-ci est “disproportionnée”.

Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez, lui oppose que la “riposte policière” n’a lieu qu’”en cas d’agression, pour disperser les manifestants violents” et que celle-ci est “encadrée”.

Depuis le début de la crise des Gilets jaunes, 82 d’entre eux ont été gravement blessés, dont 60 touchés par des tirs de Flash-ball. Le 11 janvier, Eric Morvan, le patron de la Directrice générale de la police nationale, a indiqué que l’Inspection générale de la police nationale avait reçu 200 signalements et avait été saisie par l’autorité judiciaire de 78 dossiers.

Une violence qui “va crescendo, avec des armes toujours plus dangereuses et des tabassages et des gazages quasi systématiques” déplore Esther Benbassa. Et d’ajouter qu’”il faut interdire l’utilisation d’armes non létales par les forces de l’ordre comme le préconise le Défenseur des droits”.

Jeudi 17 janvier, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a en effet affirmé sur Europe 1 que les tirs de Flash-ball présentaient "une dangerosité qui fait que l'intégrité des personnes qui manifestent peut-être atteinte" et appelé à "préserver la liberté de manifester".

“Si les policiers ne faisaient pas usage de Flash-ball, certains auraient été lynchés (…) Ils utilisent le Flash-ball mais dans des conditions très strictes”, se défend Laurent Nunez, qui confie que “beaucoup de policiers (lui) disent qu’ils ont le sentiment qu’on cherche à les tuer.”

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