Que propose le gouvernement pour endiguer le chômage ?
Face aux chiffres catastrophiques publiés lundi, le ministre du Travail a soulevé plusieurs pistes afin de réduire le nombre de demandeurs d'emplois en France. FTVi revient sur ces préconisations.
En hausse constante depuis mai dernier, le chômage a atteint un nouveau record en novembre, avec 4 244 800 demandeurs d'emploi, son plus mauvais chiffre depuis douze ans.
Le président Nicolas Sarkozy a convoqué le 18 janvier un sommet sur l'emploi, avec l'ambition de proposer des solutions "d'application rapide pour contenir au maximum les effets de crise".
D'ici là, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, doit recevoir, du 5 au 12 janvier, les partenaires afin de préparer la réunion. Il a néanmoins déjà soulevé trois pistes permettant, selon lui, de réduire le nombre de chômeurs en France :
1. Le chômage partiel
Ce dispositif d'aide bénéficie aux salariés d'entreprises en difficulté forcées de fermer temporairement et de réduire le temps de travail de leurs employés. Ceux-ci touchent alors une aide de l'Etat visant à pallier leur perte de salaire. Ils peuvent également suivre des formations en dehors de leurs heures de travail.
Arguant mardi 27 décembre qu'"il vaut mieux garder et former les salariés dans l'entreprise plutôt que les licencier", Xavier Bertrand souhaite développer cette activité partielle, qu'il veut rendre "plus simple et plus rapide à déclencher". Pour cela, "un décret ramènera de 20 à 10 jours le délai de réponse de l'Inspection du travail", précise Le Figaro mercredi 28 décembre.
Si les entreprises suivent, l'Etat devra déployer d'importants moyens pour financer ce dispositif, ce qui, dans un contexte de crise économique, ne semble pas évident. C'est pourquoi Xavier Bertrand a rappelé mardi que "toutes les enveloppes budgétaires ne sont pas consommées".
Les syndicats se montrent pour l'instant favorables à cette proposition. "Le chômage partiel est un élément clé, mais ne résoudra pas seul la crise", tempère néanmoins le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, qui a réagi mardi matin sur RMC aux propositions de Xavier Bertrand.
2. Un "pacte compétitivité-emploi"
En contrepartie d'un engagement à maintenir l'emploi pendant deux ou trois ans, une entreprise en difficulté pourrait réduire temporairement les salaires/heures de travail de ses employés, pour les augmenter à nouveau quand l'activité repart. Prôné depuis plusieurs années par le patronat de la métallurgie, l'accord n'est pas une sinécure.
D'abord, comme le rappellent Les Echos, il nécessite l'aval individuel de chaque salarié. Ensuite, le quotidien souligne que ce genre d'accord "réside dans la qualité du dialogue social [qui] passe par la légitimité des syndicats". Surtout si "signé par les syndicats majoritaires d'une entreprise, cet accord [s'impose] à tous les salariés", explique Le Figaro. Et de rappeler que "même les syndicats les plus 'durs' au niveau national sont prêts au compromis".
De son côté, la CGT refuse cette proposition. Le secrétaire confédéral Eric Aubin, interrogé par RTL, donne l'exemple du fabricant de pneus Continental, dont "les salariés ont accepté des baisses de rémunérations, des aménagements du temps de travail et [qui] au bout du compte [a] fermé quand même".
Jean-Claude Mailly, de Force ouvrière, estime quant à lui que "plus de flexibilité" n'améliore pas l'emploi.
3. Un CDI pour les intérimaires réguliers
Xavier Bertrand propose que les salariés "régulièrement en mission" deviennent des "salariés en CDI des entreprises d'intérim" afin qu'ils bénéficient d'un statut "beaucoup plus protecteur". Le ministre dit également réfléchir à la création de CDI pour les travailleurs saisonniers.
Le patronat de l'intérim, le Prisme (Professionnels de l'intérim, services et métiers de l'emploi), suggérait mi-décembre un "contrat de mission à durée indéterminée qui permettrait de fidéliser les intérimaires en leur garantissant un accompagnement et une rémunération entre deux missions", rapporte Le Figaro.
Au-delà de ces mesures, les syndicats, qui regrettent que le sommet intervienne trop tard, réclament des mesures d'urgence pour endiguer la hausse du chômage. Et en proposent également. Ainsi, la CGT "confirme" son appel à une "mobilisation de grande ampleur, le 18 janvier".
Mais la centrale se rendra au sommet avec des propositions : "suppression des heures supplémentaires défiscalisées, contrôle soutenu des aides accordées aux entreprises avec un engagement ferme sur l'emploi et mise en place d'un seul dispositif alternatif aux licenciements qui regrouperait les mesures de chômage partiel".
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