Quel chef et quelle ligne pour l'UMP, qui vient de subir une lourde défaite ?
La droite a enregistré dimanche sa plus lourde défaite aux législatives depuis 1981 et l'UMP a perdu le pouvoir national qu'elle détenait depuis dix ans. Le parti va désormais s'engager dans une guerre des chefs, et devra choisir sa ligne politique.
L'UMP, qui disposait d'une large majorité de 315 députés, perd une centaine de sièges à l'issue du deuxième tour des législatives dimanche 17 juin. Au premier tour, la droite parlementaire, avec 34,1%, avait déjà réalisé son plus mauvais résultat de la Ve République. Avec moins de 250 élus dans la nouvelle Assemblée, elle enregistre sa plus forte défaite depuis 1981.
Quelle ligne choisir et quel chef pour le mouvement ? Le sortant Jean-François Copé, l'ex-premier ministre François Fillon, l'éternel recours Alain Juppé, sans compter François Baroin qui envisage d'être candidat, sont déjà dans les starting-blocks, à moins de six mois du congrès de l'UMP en novembre.
Défaite pour la moitié de la Droite populaire
Y a-t-il une leçon politique à tirer de la liste des personnalités élues ou battues dimanche ?
Alors que 24 ministres du gouvernement Fillon étaient candidats, le second tour a été fatal à plusieurs d'entre eux, dont l'ex-ministre de l'intérieur Claude Guéant ainsi que Nadine Morano malgré (ou à cause de ?) ses appels insistants aux électeurs du Front national. Défaite aussi pour Hervé Novelli, passé par l'extrême-droite dans sa jeunesse.
Défaite enfin pour la moitié des députés Droite populaire , l'aile droitière de l'UMP qui convoite ouvertement l'électorat du parti de Marine Le Pen. Selon l'AFP, 21 d'entre eux sur 43 ont été battus dont Jean-Paul Garraud (Gironde), qui s'était interrogé dans l'entre-deux tours sur "la pertinence du maintien d'un cordon sanitaire" (entre l'UMP et le FN).
Même sort dans les Bouches-du-Rhône pour la députée sortante et maire d'Aix-en-Provence Maryse Joissains-Masini, qui avait également multiplié les signaux au Front national.
NKM et Xavier Bertrand réélus, ainsi que les ex- "bébés Chirac"
A l'inverse, Xavier Bertrand, en ballottage délicat, a sauvé son siège d'extrême justesse, comme Nathalie Kosciusko-Morizet. Les deux figuraient sur la liste noire du Front national, qui avait appelé à les battre.
L'aile chiraquienne du parti, François Baroin, Bruno Le Maire, Bernard Accoyer, Christian Jacob, ou Valérie Pécresse, a été élue aisément.
Pas sûr, donc, que la ligne de rapprochement avec l'extrême-droite et la recomposition politique que Marine le Pen appelle de ses voeux soit validée. Ce qui pourrait donner des arguments aux tenants d'un recentrage.
Le congrès tranchera en novembre la guerre des chefs
"Le ni-ni (ni FN, ni gauche) ne suffira pas sur le long terme", avait prévenu dès vendredi Bruno Le Maire. Les langues devraient se délier à l'UMP, alors que la bataille pour la présidence du parti, déjà dans toutes les têtes, va s'engager. Conscient du risque, Jean-François Copé a appelé dimanche à faire de la session extraordinaire du Parlement une "priorité absolue" et à éviter à tout prix les "querelles de personnes".
Une allusion au futur congrès de l'UMP, dont M. Copé a confirmé qu'il se tiendrait en novembre. Les 240.000 militants seront appelés à y élire leur président, poste "gelé" pendant tout le bail élyséen de Nicolas Sarkozy.
La bataille promet d'être féroce entre M. Copé (réélu aisément à Meaux) et son rival François Fillon (qui a vaincu sans mal dans une circonscription taillée sur mesure pour la droite à Paris). L'ancien premier ministre a souligné dès dimanche soir qu'un "nouveau départ s'imposait" à l'UMP, exhortant son parti à "se renouveler" tout en plaidant pour "l'unité". Son allié Xavier Bertrand, a déclaré qu'il fallait "retrouver le P de populaire dans UMP" (Union pour un mouvement populaire) et effectuer "une profonde remise en cause" après deux défaites consécutives.
Sans compter les trublions qui pourraient s'en mêler : Alain Juppé en embuscade et François Baroin qui a envisagé lundi sur RTL de se présenter à la présidence de l'UMP en novembre si ses idées n'étaient "pas reprises".
Premier round mercredi
Le premier round de la bataille Copé-Fillon pourrait avoir lieu dès mercredi lors de l'élection du président du groupe UMP à l'Assemblée. Le sortant, le copéiste Christian Jacob, pourrait être défié par Xavier Bertrand. Selon un filloniste, ce scrutin pourrait être l'occasion de lancer le "débat Copé-Fillon".
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