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Primaire de la gauche : non, Manuel Valls n'a pas défendu le revenu universel de Benoît Hamon

Plusieurs médias ont accusé Manuel Valls d'avoir changé d'avis sur l'idée du revenu universel. Les choses sont un peu plus complexes.

Article rédigé par Ilan Caro, Clément Parrot
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
L'ancien Premier ministre, Manuel Valls, lors d'un meeting à Paris, le 20 janvier 2017. (IRINA KALASHNIKOVA / SPUTNIK / AFP)

Manuel Valls a-t-il changé d'avis sur le revenu universel ? Depuis le soir du premier tour de la primaire de la gauche, dimanche 22 janvier, plusieurs voix accusent le candidat socialiste d'être coupable d'un revirement sur la question, alors que l'ancien Premier ministre critique durement la proposition de revenu universel défendue par Benoît Hamon.

Ce qui est reproché à Manuel Valls

Plusieurs citations de Manuel Valls sont utilisées ces derniers jours pour dénoncer des supposées contradictions. Dès le mois de septembre dernier, celui qui est alors Premier ministre évoque au micro de Public Sénat "cette belle idée de revenu universel, sur laquelle travaille le sénateur Percheron". Manuel Valls enfonce le clou dans une publication sur sa page Facebook : "Le revenu universel, c’est-à-dire une allocation unique, ouverte à tous, à partir de 18 ans, pour remplacer la dizaine de minima sociaux existants, en est une."


En octobre, il se rend en Gironde, un département qui a mis en place une expérimentation de revenu universel. A cette occasion, il déclare : "Le revenu universel que je défends, c'est une grande innovation sociale : garantir un revenu à tous et à tout moment."

Ce qu'il a vraiment dit

La lecture attentive des propos de Manuel Valls laisse penser qu'il en avait une conception assez différente de celle proposée par Benoît Hamon. En proposant dans son post Facebook "une allocation unique, ouverte à tous, à partir de 18 ans, pour remplacer la dizaine de minima sociaux existants", Manuel Valls insiste d'abord sur le fait que toute personne majeure y sera éligible, contrairement à l'actuel RSA, qui ne peut être touché qu'à partir de 25 ans. La deuxième partie de la proposition souligne le fait que cette allocation ne serait pas versée à tout le monde, mais seulement aux bénéficiaires de minima sociaux.

Dans la phrase suivante, il affirme que le gouvernement veut mettre en place "une réponse souple, plus simple et donc plus efficace, qui prenne en compte les situations individuelles". Autrement dit, il s'agit bien d'une allocation sous conditions de ressources et non d'un revenu distribué uniformément.

La même idée revient dans le fameux discours de Bordeaux évoqué par ses détracteurs. Il y donnait alors une définition plus précise de ce qu'il entendait par "revenu universel".

[Instaurer un revenu universel], c'est fusionner dans une aide unique les multiples dispositifs existants, créés au fil du temps pour répondre à des situations particulières – RSA, allocation pour les chômeurs en fin de droit, minimum vieillesse…

Manuel Valls

Et de préciser : "L'objectif n’est pas de remplacer notre protection sociale par le versement à tous d’une somme forfaitaire... Un revenu universel ne remplacera jamais notre assurance maladie, notre assurance chômage, notre système de retraites par répartition". Définissant ce revenu comme "la garantie d'un revenu pour tous et à tout moment", il précise immédiatement qu'il s'agit d'une "garantie de continuité en cas de coups durs".

La proposition formulée par Manuel Valls à l'automne est donc en phase avec celle contenue dans son programme : un "revenu décent issu de la fusion de minima sociaux, attribués, sous conditions de ressources, à toute personne âgée de plus de 18 ans et résidant régulièrement sur le territoire national". En fait, l'ex-Premier ministre n'a jamais changé d'avis. Il a par contre eu le tort de qualifier d'"universel" un revenu qui n'avait rien d'universel.

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