Affaire Quatennens : le Parti socialiste prône une "culture de l'exemplarité" mais refuse de tirer sur l'ambulance
L'enquête pour violences conjugales visant Adrien Quatennens sème le trouble au sein de la Nupes. La France insoumise, fragilisée en interne, pourrait-elle être supplantée par les autres forces de la coalition comme le PS ?
Quand on évoque l'affaire Quatennens, le PS marche sur des œufs. Rencontrés aux journées parlementaires à Rennes, lundi 19 septembre, certains socialistes refusent de s'exprimer sur l'affaire, d'autres d'en parler au micro. Pas question de tirer sur l'ambulance, insiste la députée Christine Pirès Beaune : "Il n'y a pas de bénéfice, en tout cas, à tirer sur qui que ce soit dans cette affaire", insiste-t-elle.
Pourtant, Olivier Faure a été le premier allié de la Nupes, le seul dirigeant d'une des quatre formations, à réclamer la mise en retrait d'Adrien Quatennens : c'était samedi dernier, lors de la Fête de la Rose, soit la veille de la sortie du communiqué où le coordinateur national de La France insoumise reconnaît des faits de violence sur son épouse et annonce se retirer de ses fonctions au sein du mouvement.
Le Parti socialiste prend les devants, semble-t-il, comme pour montrer qu'il ne subit pas l'hégémonie des "insoumis" : à l'inverse, tous les autres membres de la Nupes – insoumis, écologistes et communistes – gardent le silence.
Cette prise de parole des socialistes ressemble aussi à un engagement : la règle est posée, d'après le député Hervé Saulignac. "La parole d'Olivier Faure était celle qu'à titre personnel, je souhaitais entendre, explique-t-il. La France insoumise n'a peut être pas réagi d'une seule voix, c'est à elle d'en tirer les conclusions et je ne m'immisce pas, je ne m'ingère pas. Nous avons fait ce que nous avions à faire et ils font ce qu'ils ont à faire."
La carte du sage et de l'exemplarité
Le risque, d'après un parlementaire socialiste, serait de "tomber dans le piège de trop en faire" : "On pourrait être vus comme ceux qui instrumentalisent un événement dramatique", ajoute ce dernier. Au sein de la coalition de la gauche, le Parti socialiste préfère jouer la carte du sage et de l'exemple. "Ce qui est sûr, c'est que le Parti socialiste est exemplaire, affirme Arthur Delaporte, député PS du Calvados. Quand on avait eu des candidats aux municipales qui étaient accusés d'avoir manqué de rigueur sur la question des droits des femmes, ils avaient immédiatement été désinvestis."
Arthur Delaporte considère que "cette culture de l'exemplarité" devrait se diffuser "aux autres organisations", et il ouvre même la porte à la démission d'Adrien Quatennens de son poste de député. "Ça, c'est une décision qui lui revient de prendre, note-t-il. Légalement, il a le droit. Après, c'est une question qui se pose aussi, par exemple pour Damien Abad qui a dû quitter le gouvernement, ou pour d'autres."
"Est-ce qu'un député qui est accusé et pour le coup qui reconnaît avoir commis des actes délictuels, voire criminels, doit rester parlementaire ? Moi, je pense que le fait de le reconnaître doit l'amener à y réfléchir."
Arthur Delaporte, député PS du Calvadosà franceinfo
Le sujet sera notamment au cœur de la rentrée parlementaire de La France insoumise, qui se retrouve en fin de semaine à l'Assemblée nationale pour parler de sa stratégie au sein de l'hémicycle. La France insoumise veut montrer qu'elle tient la rampe, sauf qu'en coulisse, le malaise persiste avec deux lignes qui se dessinent en interne depuis les révélations. D'un côté, celle du leader Jean-Luc Mélenchon qui défend son bras droit, "son ami" comme il dit. De l'autre, ceux qui se sont mordus la langue avant la communication officielle de ce week-end.
Selon les informations de franceinfo, la publication du communiqué commun pour saluer la décision d'Adrien Quatennens et rappeler l'engagement de LFI dans la lutte contre les violences faites aux femmes a créé des divisions au sein du mouvement. Pour l'instant, le coordinateur de la France insoumise s'est mis en retrait de ses fonctions au sein du mouvement, mais pour un député insoumis "ce sera difficile pour lui de revenir". D'autres vont même plus loin, au sein de la Nupes, et lui suggèrent de démissionner de son poste de député. La chute du principal dauphin de Jean-Luc Mélenchon rebat les cartes en interne : qui pourra remplacer le leader insoumis ? "Le plus apte à prendre la suite est éliminé", analyse un parlementaire socialiste. D'après lui, les insoumis n'ont plus le choix : pour survivre il faudra "s'ouvrir à l'extérieur".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.