Premier tour : récit d'une joyeuse soirée électorale sur Twitter, sous le signe de #RadioLondres
Sur Twitter, la soirée électorale s'est déroulée sur un ton léger. Scrutin oblige, toute publication des résultats avant 20 heures était interdite. Les internautes ont rivalisé d'imagination pour échapper à la loi. Récit d'une après-midi 2.0.
C'est un vaste jeu de cache-cache qui s'est déroulé dimanche 22 avril sur Twitter. En attendant les résultats du premier tour de l'élection présidentielle, les internautes ont tenté d'échapper à la loi avec humour, s'amusant des menaces de poursuites de la commission des sondages.
#RadioLondres : le point de ralliement
Point de ralliement des trublions du réseau : les "hashtags" et . Les millions d'abonnés du site de microblogging, qui réalisait son baptême dans l'élection phare du système politique français, ont dévoilé leur potentiel de créativité en multipliant les messages codés.
En début d'après-midi, ceux-ci restent évasifs, révélant uniquement des tendances.
"La vague est montée mais il a toujours pied, je répète, la vague est montée mais il a toujours pied", "Belle météo. Je pense à Carla. C'est quand même plus agréable de faire des valises quand il fait beau" ou encore "le profil Facebook de Carla vient de passer de 'mariée' à 'c'est compliqué'"
Allusion aux attributs et personnages favoris supposés des candidats, on pouvait lire : "Le flan et la rolex courent devant Jeanne d'Arc et Robespierre".
Certains se lançaient aussi dans des métaphores hippiques - "première course a Vincennes : rosier corrézien devant Zébulon de Neuilly" - ou météo "temps superbe sur la Corrèze, maussade sur Neuilly, clair sur Hénin-Beaumont, percée à la frontière russe".
"Le flamby cuit à 27°"
Dès 17 heures, alors que les médias belges, suisses et québécois divulguent les premières estimations, les messages deviennent plus précis.
"Le flamby cuit à 27°", la "Rolex retarde de 25 minutes", la "meteo indique 16° à Nuremberg", le "litron de rouge tire 13 degrés", la "lunette corrige une myopie de 2."
"La mer rose 28 (niveau + 1), la mer morte 25 (niveau -1), la mer rouge 14 (niveau stable), la mer qui pue 16 (niveau stable)".
Une législation caduque ?
Et certains journalistes expriment leur exaspération de ne pouvoir emboîter le pas à leurs collègues des pays voisins, comme ici Pierre Haski, du site d'information Rue89 : "En allant sur les sites belges et suisses qui disent ce que nous savons mais ne disons pas j'hésite entre frustration & envie de rire #elysee"
Et pour certains, la vague twitter annonce déjà la fin d'une législation désormais caduque à l'heure des réseaux sociaux.
Le politologue Dominique Reynié affirme : "La régulation du Net, ça marchait bien sous René Coty... Bon le Net n'existait pas encore, mais même...", avant de déclarer : "Ces règles sont comme si le passé tentait de rattraper le futur en courant dans le sens contraire."
Des twittos poursuivis ?
Pourtant, Twitter n'échappe pas à la loi. Contactée par FranceTV2012, la Commission des sondages confirme avoir saisi le parquet pour enquêter sur le cas "d'un certains nombre de 'twittos'". Elle a procédé à des captures d'écran.
"À charge pour les enquêteurs de remonter jusqu'à l'identité des personnes qui ont violé l'embargo sur les résultats et les sondages", précise-t-elle. En revanche, les tweets détournés sous la forme de #RadioLondres échappent aux poursuites.
Outre l'AFP, des médias étrangers ont également fait l'objet d'une plainte au parquet.
En attendant #RadioLondres a bien volé la vedette aux médias dimanche. Les chiffres le prouvent : le hashtag aurait été utilisé à une fréquence d'environ 25 tweets par seconde avec un pic vers 19h15, le propulsant en tête des Trending Topics (les sujets les plus évoqués) hexagonaux. Certains vont même jusqu'à évoquer 9 000 tweets par heure.
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