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Pour les éditorialistes, le remaniement marque peu de changement sinon le rôle prééminent du Premier ministre

A leurs yeux, la continuité prime sur le changement dans la nouvelle équipe gouvernementale où François Fillon, naguère ravalé au rang de "collaborateur" par Nicolas Sarkozy, imprime sa marque au détriment du chef de l'Etat.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
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A leurs yeux, la continuité prime sur le changement dans la nouvelle équipe gouvernementale où François Fillon, naguère ravalé au rang de "collaborateur" par Nicolas Sarkozy, imprime sa marque au détriment du chef de l'Etat.

De prime abord, "la montagne de communication accouche d'une souris politique et la continuité prévaut largement sur le changement", comme l'écrit Laurent Joffrin dans Libération.

"Tout ça pour ça" tranche Bruno Dive de Sud-Ouest. Jean-Claude Soulery, dans la Dépêche du Midi, est plus sévère encore: "après des mois d'hésitations, on a repris les mêmes en pire. Une mascarade". Le même terme barre la Une de L'Humanité dont l'éditorialiste Patrick Apel-Muller dénonce "la comédie du remaniement ministériel (qui) a usé les tréteaux depuis des mois".

Pour Michel Urvoy, d'Ouest-France, "la surprise, c'est qu'il n'y en a pas" et Nicolas Sarkozy "confirme François Fillon, devenu son complément inséparable, par raison plus que par passion". Car la véritable nouveauté, estiment les éditorialistes, est le rôle prééminent du Premier ministre que Nicolas Sarkozy a qualifié naguère de "collaborateur". C'est désormais "Fillon, l'hyper Premier ministre", selon La Tribune.

"Tous les candidats déclarés ou semi-déclarés avaient évidemment leurs qualités, mais aucun n'en réunissait autant que François Fillon", assure Paul-Henri du Limbert dans les colonnes du Figaro. "François Fillon s'incruste. Le 'collaborateur' s'est imposé à son patron", ironise Jean-Michel Bretonnier dans La Voix du Nord.

"Il y a un mois à peine il était donné perdant. Visiblement, il a su s'imposer face au chef de l'Etat, fort de l'appui indéfectible des parlementaires UMP", analyse Patrice Chabanet dans le Journal de la Haute-Marne. "L'effet de surprise est là : le condamné est gracié. Relégitimé, il en sort plus fort et peut espérer rééquilibrer le couple exécutif à son avantage", renchérit Didier Louis du Courrier Picard.

Pour Olivier Picard, des Dernières Nouvelles d'Alsace, "le chef du gouvernement gagne sur tous les tableaux : non seulement, il reste, mais il conquiert une extension de son autonomie politique". Qualifié par Philippe Waucampt, commentateur du Républicain Lorrain, de "vrai patron de la majorité", François Fillon démontre par sa reconduction "que le roi est nu". En effet, "rarement un président de la République n'aura paru se faire autant forcer la main dans cet exercice", fait valoir Jean-Michel Helvig dans La République des Pyrénées.

"Les désirs du président, tout hyper soit-il, ne sont plus des ordres", commente Xavier Panon dans La Montagne. "Et c'est ainsi que François Fillon, émancipé, va enfin passer du statut de 'collaborateur' à celui de "vrai" Premier ministre", conclut Jacques Camus dans La République du Centre.

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