Pour les éditorialistes, le chef de l'Etat a voulu se montrer "plus consensuel" et "plus à l'écoute"
Il a tenté d'"apaiser" ses relations avec l'opinion, estiment globalement les commentateurs.
Dans le même temps, Nicolas Sarkozy s'est aussi attaché à donner de lui une image de "réformateur".
L'annonce de nouvelles réformes
"Ceux qui avaient cru à la thèse de la pause ou de la 'rupture dans la rupture' en seront pour leurs frais", écrit Etienne Mougeotte à la "une" du Figaro qui se réjouit de l'annonce de plusieurs réformes dans les domaines de la fiscalité et de la dépendance. "Dans la philosophie Sarkozy, la réforme est permanente et ne doit pas être suspendue pour cause de campagne électorale", ajoute l'ancien responsable de TF1.
Jean-Francis Pecresse, dans le quotidien économique Les Echos, estime qu'en s'attaquant à ces chantiers, Nicolas Sarkozy a engagé le combat "contre l'électoralisme". "Réformer jusqu'au bout", résume La Tribune en première page. "Protecteur, homme de 'devoir' et 'responsable au regard de l'avenir', Nicolas Sarkozy a entamé mardi soir à la télévision une opération de reconquête de l'opinion, avec l'élection présidentielle de 2012 en ligne de mire", écrit le journal économique sur son site internet.
Le chef de l'Etat "fait passer le message: il est le patron et risque bien de rester un hyperprésident", commente Marjory Chouraqui dans La Provence. "Sur les écrans avant François Fillon, lui brûlant la politesse en dévoilant la feuille de route, l'explication de texte télévisée est une figure de style mais aussi un signal adressé à Matignon. Il est déjà sur le ring."
Pour autant, les avis sont divisés...
Ainsi, pour l'éditorialiste de L'Humanité, Jean-Paul Piérot, "le discours présidentiel ne passe plus. Trop d'engagements reniés, de tromperies auxquelles des millions de gens modestes ont cru avant de découvrir l'ampleur de l'imposture". Pour Didier Louis, du Courrier Picard, le locataire de l'Elysée n'a "pas été très convaincant". "Cet oral, le plus difficile qu'il ait eu à subir, n'aura pas apporté les réponses qu'on était en droit d'attendre après la crise sociale qui l'a bousculé", ajoute le commentateur.
Dans un éditorial vidéo diffusé sur le site du Monde, Françoise Fressoz souligne que les réformes annoncées mardi sont "des dossiers lourds, des dossiers qui ne seront pas forcément populaires". "Mais Nicolas Sarkozy s'est appuyé sur la réforme des retraites pour dire qu'il réformerait jusqu'au bout", ajoute-t-elle. "On voit bien que dans la fin de son quinquennat qui va être extrêmement difficile, il a décidé de choisir la carte du président réformateur, il va essayer de calmer l'antisarkozysme par un style plus calme, sachant qu'il a très peu de temps pour essayer de remonter la pente".
Un style plus consensuel
"Style plus calme", selon Françoise Fressoz. De fait, les éditoriaux retiennent surtout le style affiché par le chef de l'Etat. "Un sarkozysme sans les excès du sarkozysme", selon Laurent Joffrin dans Libération, qui a trouvé la prestation "à la fois tendue et austère". Une prestation "destinée avant tout à corriger les errements et les étrangetés stylistiques qui ont émaillé la première partie du quinquennat", écrit-il.
Pour François Ernenwein, éditorialiste de La Croix, "il a fallu moins d'un quart d'heure (...) pour comprendre ce que seraient la ligne et le cadre fixés depuis l'Elysée pour les mois à venir. Jusqu'à l'horizon de la présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy s'emploiera à 'apaiser le pays'". "Cette volonté de réduire la fièvre qui a touché une bonne partie de la France à l'occasion de la réforme des retraites a été au coeur des propos du chef de l'Etat et de ses arguments", ajoute-t-il.
Olivier Picard, des Dernières Nouvelles d'Alsace, a entendu "beaucoup de platitudes qui ont contrasté avec l'atmosphère passionnelle de ces dernières semaines". "Un Président dans un nouveau costume. Plus consensuel. Plus à l'écoute. Garant de l'intérêt général. Mais toujours aussi réformateur", résume François Martin dans Le Midi Libre.
"Le ton était plus humble que d'habitude, avec l'apparition de certains doutes et l'aveu de certaines erreurs, par exemple le thème de l'identité nationale", ajoute Patrice Chabanet du Journal de la Haute-Marne. "Notre hyper Président a consenti des efforts sans précédent pour apparaître humain et humble", s'amuse Jacques Camus dans La République du Centre.
"Après le remaniement ministériel, le remaniement personnel", commente Jean-Marcel Bouguereau (La République des Pyrénées). "En somme, un président qui cherche à se recentrer dans sa posture. A défaut de le faire sur le plan politique", ajoute Yves Durand, du Courrier de l'Ouest. "Ce nouveau dispositif politique doit être considéré pour ce qu'il est: laver le candidat Sarkozy du bilan du président Sarkozy et le mettre en situation de remporter le second tour de la présidentielle en 2012", commente de son côté
François Bonnet sur le site Médiapart.
Et Patrick Fluckiger de s'interroger dans L'Alsace: "le Sarko nouveau a débarqué avec deux jours d'avance sur le Beaujolais nouveau. Sera-t-il, comme le vin le plus célèbre du mois de novembre, un produit marketing ?"
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