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Roms, diesel, réforme pénale : quand Ayrault recadre sa majorité

Le Premier ministre a tenté à l'Assemblée de mettre un point final à l'affrontement entre Manuel Valls et Cécile Duflot à ce sujet. Un rôle d'arbitre qu'il a endossé à plusieurs reprises ces derniers temps.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, le 27 septembre 2013, à Nantes (Loire-Atlantique). (FRANK PERRY / AFP)

Siffler la fin de la partie et apaiser les tensions : c'est ce que Jean-Marc Ayrault a tenté de faire, mardi 1er octobre, à l'Assemblée nationale. Le chef du gouvernement a estimé que "l'intégration" des Roms est "possible" si les lois sont respectées. Il se pose ainsi en arbitre dans l'affrontement entre deux de ses ministres, Manuel Valls, à l'Intérieur, et Cécile Duflot, au Logement, à ce sujet. Ce rôle, le Premier ministre l'a déjà endossé à la suite de tensions ou de cafouillages au sein de son équipe.

Dans le conflit entre Valls et Duflot sur les Roms

Avec ses propos sur les Roms, qui, selon lui, n'ont pas "vocation" à rester en France, Manuel Valls sème le trouble à gauche. Jeudi, Cécile Duflot déclare que ces mots vont "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain". Manuel Valls lui répond dimanche : ses critiques sont "insupportables".

Cécile Duflot en appelle à François Hollande, mais c'est Jean-Marc Ayrault qui réagit, mardi à l'Assemblée. Il n'y a "pas de raison d'exacerber" la question des Roms, estime-t-il. Il juge aussi possible "l'intégration" de cette population à condition qu'elle respecte "les lois de la République". "Il n'y a pas de raison d'exacerber toutes ces questions difficiles", ajoute le Premier ministre. Une intervention qui satisfait le porte-parole des députés PS. Mais Thierry Mandon regrette que le chef du gouvernement "doive ramener tout le monde à la raison".

Lors du cafouillage sur la taxation du diesel

"Grand désordre dans la communication", "panique à bord" : le Premier ministre intervient, le 12 septembre, après une journée de cafouillage gouvernemental à propos de la taxation du diesel. Il tente de calmer les tensions avec les écologistes, partenaires de la majorité, qui menacent de ne pas voter le budget 2014 à l'Assemblée. "Sur le budget, je crois qu'il faut garder son calme, parce que je pense qu'il ne faut pas se plaindre avant d'avoir mal", déclare Jean-Marc Ayrault en marge d'un déplacement à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).

Pour apaiser les esprits, le chef du gouvernement rappelle ensuite que "ce que nous partageons avec les écologistes, c'est une ambition pour réussir la transition énergétique". "On va verdir en quelque sorte notre fiscalité et, en 2014, sera mise en place la contribution climat énergie." La déclaration ne convainc pas la coprésidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, Barbara Pompili. Le lendemain, elle évoque un possible départ des Verts du gouvernement.

Finalement, Jean-Marc Ayrault reçoit les coprésidents du groupe Europe Ecologie-Les Verts à l'Assemblée, et leur homologue du Sénat, le 17 septembre, pendant 45 minutes. Résultat : "Je pense qu'on avance progressivement vers des choses plus précises", déclare François de Rugy, à l'issue de cet entretien.

Un premier signe de satisfaction, mais trop timide pour mettre un point final aux désaccords entre les Verts et le gouvernement. Mardi, quatre jours après la fin de la Conférence environnementale, EELV se rallie aux signataires d'une lettre qui appelle le gouvernement à reformuler la "feuille de route" écologique. Comme six ONG écologistes et la CGT, le parti pense que ce document est "inacceptable en l'état".

Après le clash entre Valls et Taubira sur la réforme pénale

Quinze jours plus tôt, le 25 août, Jean-Marc Ayrault intervient lors des frictions entre le ministre de l'Intérieur et la ministre de la Justice sur la réforme pénale. Les deux membres du gouvernement sont en conflit depuis que Manuel Valls a envoyé une lettre à François Hollande, en plein été, pour torpiller la réforme de Christiane Taubira. La missive se retrouve dans les colonnes du Monde, le 13 août, avec la réponse, cinglante, de la garde des Sceaux.  

"Chaque fois qu'un débat est sur la place publique avant même d'avoir été entre nous, je vous le dis sincèrement : c'est une faute contre notre collectif", sermonne Jean-Marc Ayrault, dans un discours à l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle (Charente-Maritime). Il en profite pour présenter la sécurité et la justice comme "deux fronts d'un combat uni". Et s'agace de l'impression de "flou" laissée par les querelles intestines de la majorité. "J'entends des Français qui ne goûtent pas toutes nos subtilités et qui retiennent un sentiment de flou et de désaccord", conclut-il.

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