Polémique sur les propos d'Amélie Oudéa-Castéra : des membres de la majorité poussent pour "qu'elle rattrape vite le coup"

À peine nommée, la ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castéra a justifié vendredi sa décision de transférer ses enfants du public au privé par sa "frustration" devant "les paquets d'heures" d'enseignement non remplacées à cause de l’absentéisme des professeurs.
Article rédigé par franceinfo - Maxence Lambrecq
Radio France
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Temps de lecture : 4min
Gabriel Attal et Amélie Oudéa-Castéra lors de la passation de pouvoir au ministère de l'Education nationale, à Paris le 12 janvier 2024 (VINCENT ISORE / MAXPPP)

La polémique née, vendredi 12 janvier, des propos jugés "maladroits" voire "scandaleux" de la nouvelle ministre de l'Education, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympique a pris une telle dimension qu'elle est maintenant invitée par une bonne partie du camp présidentiel à corriger elle-même le tir. "Il faut vite qu’elle rattrape le coup, s’agace une ancienne ministre. Je ne comprends même pas qu’elle ne l’ait pas déjà fait."


"Des interventions spontanées et maladroites, ça arrive… mais ça se corrige, complète un pilier de la macronie. Elle pense un peu aux parents qui ne sont pas comme elle et son mari multimillionnaire et qui ne peuvent pas protéger leurs enfants dans le privé ?" "Sa priorité, maintenant, ce doit être l’école publique et on ne l’a pas encore entendue, ajoute un communicant du pouvoir, pas très surpris de cette première sortie : Elle maîtrise mal le monde médiatique." 

La vidéo en question cumule déjà plus de dix millions de vues. "Maintenant, tout le monde a bien compris que c’était un bon gouvernement de droite", s’agace un proche de François Bayrou, lointain prédécesseur d’Amélie Oudéa-Castéra.

Gabriel Attal avait anticipé le problème... pour lui-même

Pas de commentaire officiel à Matignon, mais il fallait voir le coup d’œil du Premier ministre à une députée placée juste derrière Amélie Oudéa-Castéra, lors de la déclaration qui a mis le feu aux poudres : on sentait sa gêne. Lui-même avait anticipé cette question : "On va m’emmerder avec ma scolarité dans le privé", avait-il confié à son équipe, selon Le Monde, juste avant son arrivée rue de Grenelle. Si bien que le 20 juillet dernier, au moment de la passation de pouvoir au ministère de l’Education, il anticipe l’éventuelle polémique : "Oui, j'ai été à l'école privée. Je n'ai pas à renier ou à m'excuser pour ce choix qu'ont fait mes parents à l'époque, comme des millions de parents le font chaque année. Je ne crois pas que le combat doive être de critiquer les parents qui font ce choix. Le combat, c'est au contraire de garantir que l'école, toute l'école, peut apporter aux parents, à tous les parents, l'essentiel de ce qu'ils attendent pour leurs enfants."
 
Matignon aimerait tourner la page dès ce week-end : une interview d’Amélie Oudéa-Castéra est envisagée demain, dimanche. Mais quoi qu’il arrive, cette première polémique la fragilise. Elle qui n’a aucune expérience du monde enseignant, qui est aux yeux des syndicats avant tout la ministre des Jeux olympiques et paralympiques, faisait déjà face à un certain scepticisme, d’autant qu’il s’agit du quatrième ministre de l’Education en deux ans.

"Sacré handicap"

Désormais, elle a, devant elle, un mur de critiques.Que ce soit les associations de parents d’élèves, les syndicats enseignants,les leaders de l’opposition de Marine Le Pen à Olivier Faure… "Sous-entendre, dès le premier jour, qu’elle préfère le privé au public, il n’y a pas pire, se désole un conseiller ministériel. Elle part avec un sacré handicap, je ne sais pas si elle le rattrapera".

Ses premiers tête-à-tête avec les syndicats devraient intervenir la semaine prochaine. L’ancienne joueuse de tennis va devoir soigner son revers.  

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