Polémique sur la fiabilité des sondages : l'exemple de 2007
Décembre 2006 : Jean-Marie Le Pen est à 9% dans les sondages selon BVA. En janvier 2007, il est à 15% selon le CSA. Au fil des mois, il oscillera entre les deux chiffres, pour finalement récolter 10% des voix au premier tour de l'élection présidentielle de 2007. Dans le même laps de temps, les intentions de vote pour François Bayrou navigueront entre 8 et 24%. Résultat : 18,57% au soir du premier tour. Les mêmes types de variation s'observent pour les deux finalistes, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.
A voir les chiffres donnés de mois en mois par les différents sondeurs, il est difficile de conclure à la fiabilité des données. Mais de là à conclure à la vacuité des sondages, il y a deux pas.
Le premier, c'est un sondage CSA de mars 2006, soit à la même “distance” de l'élection que le très controversé sondage sur la “vague” Marine Le Pen. Ce sondage donnait Nicolas Sarkozy à 34% (il en a fait 31), Ségolène Royal à 26% (elle en a fait 25,87) ou encore, Jean-Marie Le Pen à 9% (il en a fait 10). Pas question ici évidemment d'attribuer une quelconque vertu chamanique aux sondages du mois de mars. Mais il semble en tout cas que les sondages ne se trompent pas toujours. Le problème étant de savoir à quel moment ils ont raison.
Plus sérieusement, sur une quinzaine de sondages précédant le premier tour, si les résultats ont considérablement varié, les enquêtes d'opinion ont quasiment (à deux exceptions près) toujours donné le classement final de la course : 1. Nicolas Sarkozy 2. Ségolène Royal 3. François Bayrou 4. Jean-Marie Le Pen. Reste que le cas des Le Pen est difficile à maîtriser. Chacun se souvient de la surprise totale du premier tour 2002.
Mais le sondage qui fait aujourd'hui couler tant d'encre a été réalisé via internet, la méthode la moins fiable de toutes. La plupart des autres enquêtes sont faites par téléphone. Les méthodes développées par Harris Interactive semblent par ailleurs curieuses, puisque Médiapart révèle qu'il lance des jeux concours avec 7.000 euros à la clé pour constituer ses panels. Démarche efficace peut-être, mais à première vue peu “scientifique”. Rajouter de l'approximation à un outil déjà par nature peu fiable laisse planer quelques doutes sur la validité du résultat.
_ Nul doute que beaucoup reparleront de cet épisode au soir du 22 avril 2012.
Grégoire Lecalot
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.