Pierre Moscovici promet une loi sur les rémunérations pour l’automne
Après avoir limité les écarts de salaires dans les entreprises publiques, le gouvernement, via le ministre des finances Pierre Moscovici, souhaite "réguler, voire prohiber" certains abus dans le privé.
La justice salariale. Dans le public comme dans le privé. Tel est l'un des objectifs du gouvernement Ayrault. Dans cette optique, le ministre de l'économie et des finances, Pierre Moscovici, a annoncé mardi la présentation à l'automne d'un projet de loi visant à mettre fin aux rémunérations jugées excessives dans le secteur privé en France. Une idée reçue avec prudence par les syndicats et le patronat réunis à la conférence sociale qui se tient jusqu'à mardi soir à Paris.
Le nouvel exécutif socialiste en place depuis deux mois a décidé de s'attaquer à la question des salaires jugés indécents en plafonnant par exemple ceux des dirigeants des entreprises publiques.
Moscovici : "Il ne s'agit pas de punir"
Mais, mardi devant la presse, Pierre Moscovici a annoncé pour "l'automne un projet de loi qui régulera, voire prohibera, certaines pratiques qui nous semblent excessives et donnera davantage de place aux représentants des salariés dans les instances qui fixent les rémunérations".
"Il ne s'agit pas de punir, de culpabiliser, de stigmatiser ceux qui gagnent de l'argent, mais de revenir à de la décence et de la justice sociale", a-t-il expliqué. Le ministre dit vouloir répondre à "un sentiment d'injustice dans ce pays" selon lequel "les mutations du capitalisme ont conduit à des hyper-inégalités qui ne sont pas tolérables".
Les réserves du Medef
Pierre Gattaz, du Medef, a mis en garde contre "le risque de démotiver tous ceux qui sont les locomotives du pays". "Bien sûr, il faut éviter les abus mais attention : la France est en Europe, dans le monde, il y a une concurrence, donc attention à ne pas aller trop loin, sinon on se prive de talents qui pourraient venir de l'étranger", a-t-il estimé.
Côté syndicats, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a demandé à voir tout en jugeant le moment mal choisi pour faire ce genre d'annonce. "Je ne sais pas ce que c'est qu'un projet de loi qui encadre les salaires du privé. Je le commenterai quand je le verrai", a-t-il dit.
"Aujourd'hui, le principe était de débattre collectivement. Si en plus les ministres rallongent leurs petites propositions personnelles, ce n'est pas l'esprit de la journée", a-t-il ajouté au terme de la séance de travail de la matinée de la conférence sociale.
La CGT craint un "effet d'annonce"
Pour la CGT, qui craint un "effet d'annonce", un tel texte serait utile mais pas suffisant. "C'est indispensable. En même temps, je sais combien les entreprises privées sont jalouses de la liberté de rémunération de leurs dirigeants, donc j'espère que le gouvernement va trouver les voies et les moyens de faire en sorte que ça ne soit pas qu'un effet d'annonce", a déclaré Bernard Thibault.
Mais, a souligné le secrétaire général de la CGT, "ce n'est pas la diminution de la rémunération des dirigeants qui fait la hausse de la rémunération des salaires pour les autres salariés de cette entreprise".
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